L'usine FerroPem de la Léchère, en Savoie, reste concernée par le plan de sauvegarde de l'emploi annoncé par la direction du groupe métallurgique. Un expert du comité social et économique réfute le motif économique avancé par le groupe, chiffre d'affaires record à l'appui.
Des bénéfices record qui font douter du bien-fondé du plan de sauvegarde de l'emploi. Le motif économique avancé pour fermer l'usine Ferropem de la Léchère, en Savoie, ne tient pas face aux bénéfices engrangés par la maison-mère, selon l'expert du comité social et économique (CSE).
Au quatrième trimestre 2021, le chiffre d'affaires mondial de la firme hispano-américaine Ferroglobe a bondi de 33 % pour revenir à son niveau de 2018. Des bons résultats qui s'expliquent par la flambée des cours du silicium. Son excédent brut d'exploitation (Ebitda) a dépassé 92 millions de dollars, du jamais-vu dans l'histoire de l'entreprise.
En présentant ces résultats le 2 mars, le PDG Marco Levi a prévu une "accélération" de la croissance en 2022. Une année qui a commencé sous les meilleurs auspices avec un Ebitda estimé à 74 millions de dollars lors du seul mois de janvier, soit 40 % de celui dégagé sur toute l'année dernière.
200 emplois menacés
L'an dernier à pareille époque, la direction du groupe métallurgique avait annoncé la fermeture de l'usine de Château-Feuillet à la Léchère pour motif économique. Parmi les 6 sites français du groupe, un autre devait également fermer en Isère mais le groupe y a renoncé à l'automne.
Quelque 200 salariés, en Savoie, restent à ce jour concernés par le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) de Ferroglobe, dont la négociation doit s'achever le 1er avril. Sa version initiale a fait l'objet d'un simple "addendum" après le changement de périmètre, et non d'une refonte complète.
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Un choix qui "minimise l'importance des changements opérés depuis l'élaboration du plan d'origine", pointe dans un rapport le cabinet mandaté par le CSE. Selon ce dernier, le "redressement spectaculaire" de Ferropem rend "le motif économique de ce projet de restructuration contestable".
Production stratégique
Dans leur rapport remis la semaine dernière, les experts préconisent au contraire de faire repartir l'usine de Château-Feuillet qu'ils jugent parfaitement viable et stratégique pour l'industrie française - plusieurs candidats à l'élection présidentielle y ont défilé à l'automne.
Sa fermeture "nuirait clairement à l'intérêt général en accentuant la dépendance nationale et européenne vis-à-vis de pays tiers", indique le rapport. Le principal concurrent de FerroPem pour le silicium en Europe, Elkem, "est détenu majoritairement par des capitaux chinois".
L'usine savoyarde est la dernière, en Europe, à produire du silico-calcium (CaSi), un ferro-alliage dont les importations chinoises sont soumises à une barrière antidumping européenne depuis octobre.
Dans le cadre de sa restructuration modifiée en novembre, Ferroglobe prévoit de déménager cette production en Isère. Mais selon le rapport remis aux élus du personnel de Ferropem, il compte surtout alimenter le marché européen avec du CaSi produit sur son site de Mendoza, en Argentine.