Les employés de l'usine Ferropem de Château-Feuillet, située à La Léchère (Savoie), sont toujours menacés par un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE). Leur direction refuserait de céder le site ou de redémarrer l'activité, selon des syndicats.
Presque un an d'incertitude. Depuis mars 2021, les quelque 200 employés du site Ferropem de La Léchère, en Savoie, sont paralysés par un bras de fer avec leur direction. Le groupe Ferroglobe, maison-mère de Ferropem, refuse de céder le site savoyard ou de redémarrer l'activité, selon des sources syndicales interrogées ce mardi 8 février après une assemblée générale du personnel.
Cette assemblée se tenait après une réunion organisée, jeudi dernier, au ministère de l'Économie entre la direction, le gouvernement et les représentants des salariés.
"On a fait une proposition de redémarrage partiel de l'activité, sur deux des quatre fours de production, avec accompagnement de l'État et clause de revoyure à douze mois, combinée à un plan de départs volontaires", indique Mustapha Haddou, secrétaire du comité social et économique.
Proposition "balayée d'un revers de main", selon lui, par la direction du groupe hispano-américain au motif que l'usine ne serait pas viable : "Mais en même temps, Ferropem refuse de la vendre à un concurrent en expliquant que ça lui ferait du tort, c'est toute l'hypocrisie de l'affaire."
Les autres usines "saturées" par les demandes ?
Les syndicats, eux, sont convaincus que le site spécialisé dans le silicium est redevenu rentable depuis que les cours du silicium sont repartis à la hausse ces derniers mois.
Ferropem a dégagé un bénéfice net de 58 millions d'euros sur 2021 et prévoit de battre des records en 2022. Et on veut nous licencier pour motif économique.
Roger Roelandts, délégué syndical FO.
Tout comme la demande : les cinq autres usines françaises du groupe, dont une en Isère vouée initialement à fermer elle aussi, sont "saturées" et n'arrivent pas à faire face aux commandes, affirment les syndicats.
"Ferropem a dégagé un bénéfice net de 58 millions d'euros sur 2021 et prévoit de battre des records en 2022. Et on veut nous licencier pour motif économique", peste Roger Roelandts, délégué FO, qui se dit "écœuré que le pouvoir politique laisse faire".
"On parle même d'intéressement pour les salariés et de participation aux bénéfices, c'est un comble", renchérit le délégué CGT. De quoi rallonger l'enveloppe du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) ? Les syndicats y comptent bien, mais n'ont pas renoncé à sauver l'usine. "Entre un gros chèque et du travail, on choisit le travail", assure M. Haddou.
Un nouvel enjeu présidentiel
Enclavé dans la vallée de la Tarentaise, le site de La Léchère devient un enjeu politique de plus en plus important, à mesure que les élections présidentielles approchent.
Les candidats se sont succédé ces derniers mois. Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Valérie Pécresse... De concert, ils s'opposent tous à la fermeture du site et mettent en avant son activité stratégique.
Des élus locaux prennent régulièrement le pouls de l'usine et de ses salariés, à l'arrêt depuis presque un an. Mais, pour trouver une solution à court terme, certains ouvriers en appellent à la venue président Emmanuel Macron.
La négociation du PSE, prévue initialement pour s'achever ce vendredi, doit être prolongée jusqu'au 25 mars, si direction et représentants du personnel s'entendent sur le contenu du calendrier.