Les pompiers, réunis en congrès à Chambéry jusqu'à samedi, tirent la sonnette d'alarme: les fermetures de casernes et la diminution du nombre de pompiers volontaires "menacent" le système de secours à la française.
Jusqu'au samedi 12 octobre, Chambéry accueille "la plus grande caserne de France": 40.000 visiteurs, 400 exposants et 2.000 congressistes sapeurs-pompiers professionnels et volontaires se retrouvent pour discuter de leur mission, de leur matériel et de leurs inquiétudes.
Point d'orgue de ce 120e congrès: la visite samedi matin du président François Hollande. Il prononcera un discours devant les sapeurs-pompiers comme Nicolas Sarkozy en 2011 et Jacques Chirac en 1999. A ses côtés, il aura celui qui se présente comme "le premier pompier de France", le ministre de l'Intérieur Manuel Valls.
Certains craquent et démissionnent"
Pour le président et son ministre, la balade dans les travées du congrès ne sera
pas une promenade de santé. "Les sollicitations augmentent, des casernes ferment et le nombre des volontaires diminue: notre présence sur le territoire s'effrite. Pour chaque pompier, la charge moyenne est de plus en plus grande. Certains craquent et démissionnent", tonne le colonel Éric Faure, président de la Fédération nationale
des sapeurs-pompiers de France.
"Notre système qui repose sur la complémentarité entre fonctionnaires (les pompiers
professionnels) et citoyens engagés (les volontaires) est menacé", prévient-il.
80% des pompiers sont des volontaires
Principale inquiétude: la diminution du nombre des volontaires. Sur les 250.000 pompiers qu'on comptait en France en 2012, 195.200 étaient des volontaires, soit 79%. Ils sont 6000 de moins qu'il y a six ans. Rien qu'en un an, leur nombre a baissé de 2.200. "La baisse s'accélère", constate Éric Faure.
"Il faut vite s'engager dans une politique d'augmentation du nombre des pompiers volontaires. Sans ça, la charge sera trop importante et on ne pourra plus faire vivre des casernes qui risquent de fermer", prévient le colonel.
Pour lui, les volontaires ne sont pas assez considérés, pas assez nommés à des postes d'encadrement dans les casernes (22% seulement des cadres sont des volontaires) et pas assez payés (une proposition de revalorisation a été refusée). La fédération souhaite que le volontariat devienne une cause nationale avec campagne de recrutement et revalorisation à l'appui.
En préparation du congrès, un projet d'accord pour relancer le volontariat des pompiers faisait d'ailleurs l'objet d'une discussion entre les représentants des pompiers et les pouvoirs publics, annoncent des sources concordantes.
571 casernes ont fermé en 5 ans
Autre inquiétude, les casernes qui ferment. Il y a 7300 casernes de pompiers en France. 571 ont fermé au cours de ces cinq dernières année et "d'ici à la fin de l'année, une trentaine de casernes auront fermé", s'alarme le président de la fédération.
Enfin, les pompiers pointent le manque de considération dont ils font l'objet. "Depuis Pâques 2012, il y a eu 5 promotions de la Légion d'honneur et seulement un pompier de décoré", s'étrangle Éric Faure qui regrette aussi que le ministère de la Santé ait beaucoup de mal à prendre en compte le travail des pompiers.
"Le ministère de l'Intérieur est extrêmement attentif aux revendications des sapeurs pompiers, professionnels et volontaires", répond-on au cabinet du ministre. "Les échanges avec leurs représentants (...) sont permanents, notamment en ce qui concerne le développement et la défense du volontariat".
"Ras-le-bol"
"Y en a ras-le-bol, ça va chauffer", prédit dans un sourire Raymond Feltre, pompier volontaire dans le Lot-et-Garonne. "Dans les discours, on est toujours les plus forts, les meilleurs, mais derrière, il n'y a pas d'acte concret sur la rémunération ou la reconnaissance", dit-il.
Dans sa commune de 3500 habitants, Castillonnès, il y a "16 ou 17 pompiers", tous volontaires. Il en faudrait une dizaine de plus "mais beaucoup de jeunes abandonnent au bout de six mois", regrette-t-il.
Les pompiers apparaissent régulièrement en tête des sondages sur les professions préférées des Français. Un sondage de 2011 montrait que neuf Français sur dix étaient satisfaits de leur intervention.