Les ouvriers du fabricant de produits chimiques MSSA, basé en Savoie, ont observé samedi leur deuxième jour de grève pour réclamer d'être "justement récompensés" à l'issue du processus de renégociation salariale ouvert mi-avril en pleine crise du coronavirus.
Environ 60% des ouvriers des ateliers de production, où se concentre le mouvement social, ont interrompu leur travail samedi, selon la direction, contre 97% d'après le syndicat Force Ouvrière (FO).
FO reproche au PDG de l'usine, Séverin Mathieu, de ne pas vouloir "justement récompenser" ses ouvriers, dont l'activité n'a pu être stoppée sous peine d'occasionner d'importantes pertes matérielles à l'entreprise, qui possède des fours ne pouvant être coupés plus de 24 heures.
Les grévistes réclament une augmentation de 70 euros, une prime exceptionnelle de pouvoir d'achat de 1.000 euros et 20 euros "par jour de présence" pour ceux qui ont travaillé depuis l'instauration du confinement.
"La direction n'a aucune reconnaissance envers ses ouvriers de production. Elle attend que ça casse pour agir", estime le délégué syndical Norbert Gandon, déplorant que les équipes aient travaillé "durant vingt jours sans gel hydroalcoolique ni mesures préventives".
De son côté, la direction précise avoir proposé aux syndicats une augmentation salariale de 2,1%, une prime défiscalisée de 1.200 euros et 0,4% d'augmentation supplémentaires pour les non-cadres.
Elle fustige le "comportement irrespectueux" de FO, rappelant que le PDG de l'entreprise,"le seul ayant le pouvoir de négocier et dont le père vient de décéder du coronavirus", est confiné avec sa mère également infectée.
"FO a pris le prétexte de notre incapacité matérielle à mener une réunion prévue le 14 avril pour lancer une grève dure", pointe le directeur administratif Paul-Olivier Leon.
Le dirigeant précise que des "mesures sanitaires très strictes ont été prises" et rappelle que FO est "la seule des organisations syndicales" à avoir refusé de reporter cette réunion "début mai".
Face à cette situation, un "service minimum de sécurité" a été activé en faisant appel à des volontaires au sein de l'entreprise.
Créé en 1898, MSSA, anciennement Métaux Spéciaux, et aujourd'hui filiale du groupe japonais Nippon Soda, emploie à Plombière Saint-Marcel quelque 300 personnes, dont 120 dans ses ateliers de production.
Outre du sodium et du chlore - à raison de 215.000 tonnes par an -, l'usine fabrique du lithium depuis cinq ans. Elle est classée Seveso 2 seuil haut.