Il accuse Renault de lui avoir vendu une voiture avec un "vice caché".
Un homme dit avoir vu son véhicule redémarrer tout seul alors que sa fille de huit ans était toujours à l'intérieur : le tribunal de grande instance de Nanterre a examiné jeudi 12 avril la demande d'un automobiliste qui accuse Renault de lui avoir vendu un véhicule avec un "vice caché".
Une fillette à l'intérieur
Le 13 juillet 2015, François Jarrige vient tout juste de garer sa Renault Espace V à La Plagne, en Savoie, quand soudain, alors qu'il en est sorti, sa voiture "redémarre".
Sa fille de 8 ans est restée à l'intérieur et le véhicule dévale une pente, traverse un autre parking en contrebas avant de s'immobiliser sur un talus. L'airbag a fonctionné, la jeune fille est indemne mais choquée.
"Mon client était descendu avec la carte-clé" de sa voiture, une automatique, a rappelé son avocat Me Jean-Paul Carminati pour qui "deux vices se sont cumulés: le lâchage du frein automatique (à main) et un enclenchement du moteur."
Selon une expertise diligentée par Renault, aucun dysfonctionnement ne s'est produit. "M. Jarrige n'avait pas stoppé son véhicule" en appuyant sur le bouton arrêt "quand il en est sorti", a assuré l'avocat du constructeur automobile, Me Carlos Rodriguez à l'audience
"C'est un rapport constructeur, il n'a aucune homologation", a contesté de son côté Me Carminati, qui préfère souligner les témoignages récoltés auprès de quelques autres utilisateurs d'Espace V à qui est arrivée la même mésaventure.
Des lettres de rappel pour "anomalie"
Il pointe également les quatre lettres de rappel envoyées à M. Jarrige par Renault en un an et demi. Une première lettre est notamment arrivée un mois après l'achat. Cette lettre lui demandait de retourner la voiture pour réparation à cause d'une "anomalie", "susceptible de mettre en cause (sa) sécurité", sans fournir plus de détails.
La voiture a donc été renvoyée pour un examen avant d'être retournée à son propriétaire. Malgré cela, l'incident s'est tout de même produit vingt jours plus tard. "Le constructeur n'a fait que remplir son obligation de prudence", rétorque Me Rodriguez à l'évocation de ces lettres.
Ça fait beaucoup de mouvements qui auraient été enclenchés par un 'bug' informatique
L'avocat du constructeur a également listé le nombre d'actions nécessaires au démarrage du moteur : appuyer sur le frein, glisser la carte-clé dans la fente, appuyer sur démarrer et mettre la boite de vitesse sur position Drive. "Ça fait beaucoup de mouvements qui auraient été enclenchés par un 'bug' informatique", a-t-il observé.
Il a également souligné l'absence de contre-expertise pour appuyer la thèse du plaignant "C'est curieux de venir sur un incident et de ne pas venir avec des éléments techniques", a-t-il dit. La décision a été mise en délibéré au 21 juin.