Ski alpin : "C'est trop, beaucoup trop", l'enchaînement des courses critiqué après les blessures de Pinturault et Kilde

Après les récentes chutes et blessures d'Alexis Pinturault ou encore d'Aleksander Aamodt Kilde à Wengen, en Suisse, l'enchaînement des courses a été remis en question par de nombreux skieurs de la Coupe du monde. Ils estiment que le rythme des compétitions est éreintant pour les organismes.

Marco Schwarz, Alexis Pinturault, Aleksander Aamodt Kilde... La liste des grands noms du ski au tapis après de graves chutes cet hiver est longue. Au point que ceux encore sur pied n'hésitent plus à critiquer un calendrier trop chargé, qui met les organismes à rude épreuve.

"Trois jours de courses ici, c'est trop, beaucoup trop", a lâché, ce samedi 13 janvier à Wengen (Suisse) le Français Cyprien Sarrazin, "complètement cuit" après ses trois podiums en trois jours. Les skieurs spécialistes de vitesse sortent d'une série épuisante à Wengen où ils ont dû encaisser cinq jours à haute intensité entre entraînements officiels puis courses.

L'enchaînement a fait des dégâts sur les sportifs, d'autant que descentes et super-G sont des disciplines éreintantes où la moindre erreur peut générer une blessure grave. En trois jours de course, l'hélicoptère est ainsi venu trois fois pour récupérer et emmener des skieurs à l'hôpital :

  • Jeudi pour le Suisse Marco Kohler, blessé au genou droit, dont la saison est terminée ;
  • Vendredi pour le Français Alexis Pinturault dont l'hiver est aussi fini après une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche ;
  • Vendredi pour le Norvégien Aleksander Aamodt Kilde qui s'est déboîté une épaule et s'est coupé au mollet lors d'une chute impressionnante.

Enchaîner à Kitzbühel

"J'espère qu'on n'aura plus jamais trois courses en trois jours", a affirmé samedi après sa victoire le numéro 1 mondial Marco Odermatt, qui critiquait déjà cette étape surchargée en début de semaine.

"Il nous faut de la fraîcheur mentale et physique et là, on ne l'a plus du tout lors du dernier jour", a abondé le Français Nils Allègre après sa descente samedi. Lui et ses concurrents le savent, "il va falloir serrer les dents" pour enchaîner dès la semaine prochaine avec les deux descentes de Kitzbühel, épreuves moins longues mais plus intenses qu'à Wengen.

Avec une quarantaine de courses réparties entre disciplines techniques et de vitesse, le calendrier de la Coupe du monde laisse déjà peu de place aux temps morts. Alors quand sept des neuf premières courses de l'hiver sont annulées en raison des mauvaises conditions météo, la Fédération internationale de ski (FIS) doit résoudre une équation impossible en recasant le maximum d'épreuves.

Conséquence : les skieurs ont enfilé cinq dossards en cinq jours en Italie en décembre, un enchaînement fou qu'avait critiqué Odermatt en qualifiant de "clowns" les organisateurs et en déplorant l'absence de week-ends de réserve dédiés aux courses annulées.

La tournée italienne a d'ailleurs coûté sa fin de saison à l'Autrichien Marco Schwarz, prétendant au gros globe qui enchaînait fin décembre à Bormio sa septième course en quatorze jours mais a fini par chuter sur la piste du Stelvio.

Un intérêt commercial ?

Plusieurs skieurs appellent à prolonger la fin de saison pour mieux récupérer. S'ils vont enchaîner descentes et super-G jusque mi-février, les spécialistes de vitesse n'ont ensuite plus aucune course avant les finales de Saalbach fin mars.

Le problème des annulations de l'automne pourrait aussi être résolu en reculant le début de la saison. Cette solution permettrait d'éviter certaines polémiques environnementales au moment où l'opinion publique accepte moins la tenue de compétitions en octobre, dans des stations dénuées de neige et sur des glaciers qui fondent à toute vitesse.

"Il y a de moins en moins de problèmes de neige en avril, mai, juin. À Zermatt, on skie jusqu'en juin sans problème", avait affirmé en octobre Pinturault, au moment où l'étape suisse - finalement annulée - était vivement critiquée en raison de travaux illégaux sur le glacier.

"Attention, il ne suffit pas d'avoir de la neige, il faut aussi l'attention du public", avertissait en novembre le patron de la FIS John Eliasch. Car de son côté, la Fédération internationale, consciente que l'audience des sports d'hiver est moindre lorsque les beaux jours arrivent, veut faire exister son sport le plus tôt possible dans la saison pour doper les ventes avant Noël.

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