Ouvrir ou ne pas ouvrir, malgré des températures anormalement chaudes ? Encore suspendue ce lundi 31 octobre à la météo, la station de Bessans, en Savoie, a finalement décidé d'ouvrir son domaine skiable nordique les 5 et 6 novembre prochains.
Sur son site officiel, la station de Bessans, située en Haute Maurienne, avait déjà annoncé la date d'ouverture de son domaine de ski nordique, le 5 novembre prochain. Elle avait même exprimé son intention de mettre "les petits plats dans les grands" pour l'occasion, avec un nouvel événement baptisé - ironie du sort et des cieux - "SNOW, Ski Nordic Opening Winter".
Mais sur sa page Facebook , la station savoyarde avait, depuis, fait part de ses hésitations et du dilemme auquel elle faisait face : "Les conditions météorologiques nous amènent à nous questionner sur le maintien de ce lancement de saison à la date annoncée. Nous nous devons d’utiliser, de la manière la plus efficiente qui soit, la neige conservée depuis la fin de saison 2021-2022. La station de Bessans tient ainsi à agir en responsabilité, avec une approche rationnelle de l’exploitation de son domaine skiable, au regard des forts enjeux climatiques et énergétiques actuels."
La décision a été prise en fin de matinée ce lundi 31 octobre, après une longue réflexion, mais surtout après avoir étudié de très près les analyses météorologiques des heures, des jours et de la semaine à venir. Comme un "conclave" qui a finalement donné le feu vert au maintien de l'ouverture les 5 et 6 novembre prochains.
Nous avions envisagé les deux scénarii, nous étions prêts à renoncer s'il le fallait.
Jérémy Tracq, maire de Bessans
Ce sont les prévisions qui ont fait pencher la balance. Un refroidissement est en effet annoncé, et des chutes de neige sont prévues. Mais pas en abondance. Il devrait tomber près de 10 ou 15 centimètres dans les jours qui viennent.
Jérémy Tracq, le maire de la petite station savoyarde perchée sur un plateau à 1700m d’altitude entourée de glaciers et de sommets à plus de 3000 mètres, est en partie soulagé, pour l'instant : "Ce matin encore, nous ne savions pas ce que nous allions décider. Tout dépendait des prévisions météo. Non seulement pour les quelques jours à venir, mais aussi plus loin. On voulait s'assurer qu'il n'y aura pas un redoux qui fasse tout fondre après l'ouverture, or ce n'est manifestement pas le cas. Nous avions en tout cas envisagé les deux scénarii, nous étions prêts à renoncer s'il le fallait. C'est d'abord une question d'image pour la station, qui a la réputation d'être la première à ouvrir en France, hors glacier, à laquelle nous tenons, mais nous étions prêts à renoncer s'il le fallait", a assuré l'édile.
On ne peut pas faire n'importe quoi, il s'agit de l'image de Bessans, mais aussi de l'image du monde de la montagne.
Jérémy Tracq, maire de Bessans
"C'est un choix mûrement réfléchi, pour l'image de la station, mais aussi pour l'image des professionnels de la montagne. Nous serons sans aucun doute scrutés, nous voulons être une locomotive, et surtout ne pas prendre de décision préjudiciable à l'image du monde de la montagne. Avec le réchauffement climatique, la crise énergétique, les enjeux et les responsabilités sont très importants. On ne peut pas faire n'importe quoi", a-t-il poursuivi.
Préparer les pistes dans les créneaux horaires les plus froids
Voilà cinq ans que Bessans est la première station à ouvrir en France, grâce à sa carrière de neige. C'est ce qu'on appelle le "snowfarming". Largement pratiqué dans les pays nordiques, il s'agit du recyclage de la neige d'une saison sur l'autre dans les domaines skiables.
Le principe ? La neige est amassée durant l'hiver à proximité des pistes, parfois dans des trous creusés dans le sol, puis recouverte de sciure ou d'une bâche jusqu'à l'entame de la saison suivante.
Protégée des chaleurs estivales, les pertes ne sont que de 20 %. La neige ainsi stockée peut être réutilisée en début de saison en sous-couche durant la préparation des pistes.
Les équipes sont déjà sur le pont. Elles vont "piocher" dans les réserves de la carrière à neige, pour préparer les pistes. "Mais on doit là encore s'adapter aux conditions météo, et travailler, par demi-journée, précise Jérémy Tracq. Quand une fenêtre s'ouvre sur les températures les plus basses, c'est-à-dire très tôt le matin, dès 5 heures, et très tard dans la nuit."