En Savoie, le glacier de la Grande Motte subit les ravages du réchauffement climatique. La station de Tignes a mandaté une étude pour prévoir son évolution jusqu'en 2100. Elle s'inquiète de voir le manque de neige retarder son ouverture aux skieurs.
Quel avenir pour le ski d'automne sur le glacier de la Grande Motte ? Voyant son état se dégrader d'année en année, la station de ski de Tignes (Savoie) a commandé une étude pour envisager l'avenir du domaine skiable. Cette année encore, la neige manque. Le domaine d'altitude a subi la canicule de plein fouet, le forçant à retarder l'ouverture du ski d'automne, normalement prévu samedi 28 septembre.
"La neige tombée ces dernières semaines ne fait pas plus de 4 centimètres une fois tassée. Juste en-dessous, c'est la glace vive, et c'est nettement insuffisant pour ouvrir un domaine skiable", note Pierre Spandre, en charge de la régie des pistes dans ce domaine de haute altitude. Le ski d'automne, surtout dévolu aux entraînements de compétiteurs, attendra donc les prochaines grosses précipitations pour ouvrir. La direction évoque ouvertement le réchauffement climatique pour expliquer cette dégradation du manteau neigeux.
Alors à plus long terme, la station des Alpes veut savoir ce qu'il adviendra de son glacier qui lui permet d'offrir du ski près de neuf mois par an. Dans le cadre de cette étude, des glaciologues ont commencé à ausculter le glacier jeudi 25 septembre. Christian Vincent est, lui, en terrain connu puisqu'il a déjà étudié la Grande Motte entre 2000 et 2011.
"A certains endroits, il y a encore 60 mètres de glace, ce qui est assez important. Néanmoins, ce glacier diminue énormément, nuance le scientifique. En l'espace de 20 ans, il a perdu entre 25 et 30 mètres d'épaisseur, c'est ce qu'on est en train de mesurer exactement et toutes ces données vont pouvoir alimenter nos modèles."
"Pas encore d'inquiétude, mais des doutes"
Des modèles qui pourront donner des projections sur l'état de cette montagne jusqu'en 2100. Alors que le ski d'été a lui aussi été écourté durant l'été, la faute à la canicule, la station de Tignes attend beaucoup de ces données. Elles doivent permettre de comprendre l'avenir et de prendre les décisions qui s'imposent.
"La question n'est pas de nier quoi que ce soit mais, au contraire, d'essayer de comprendre comment on peut, d'une part, nous adapter à courte échéance pour arriver à viabiliser l'activité commerciale et économique que nous avons ici. Mais également s'interroger sur la possibilité de la poursuivre dans le temps, explique Pierre Spandre. On n'a pas encore d'inquiétude mais des interrogations, sans aucun doute."
L'étude rendra ses conclusions au printemps 2020, même si on sait déjà que la Grande Motte perd 1,5 mètre d'épaisseur par an. Alors que le Giec a rendu un nouveau rapport inquiétant sur l'état des glaciers dans les Alpes, tout laisse à penser que cette fonte va s'accélérer dans les prochaines années.