Alors que les stations de ski ont rouvert en ce début de mois de décembre sous un protocole sanitaire strict, une partie des saisonniers a fait le choix de ne pas se faire vacciner. Rencontre avec l'un d'entre eux.
La saison hivernale a commencé dans les stations de ski. Si les domaines sont, dans l'ensemble, satisfaits de rouvrir après une dernière saison blanche à cause du Covid-19, des premières difficultés apparaissent notamment en ce qui concerne les effectifs. Les stations manquent de saisonniers.
Employeurs et municipalités évaluent entre 5 et 10 % la part de postes encore non pourvus. Des emplois qui n'ont pas pu être trouvés, notamment à cause des dernières restrictions sanitaires. "Certaines personnes nous ont en effet dits qu'ils ne souhaitaient pas rentrer dans le schéma vaccinal. Elles ne sont donc pas avec nous cet hiver", témoigne Sébastien Lazzaroni, directeur opérationnel de Méribel-Mottaret S3V.
D'autres non-vaccinés ont tout de même choisi de travailler dans les stations. À défaut d'avoir un pass sanitaire. "D'après les premiers retours, ces personnes représentent entre 10 et 20 % des effectifs par station. Il y a des permanents, mais ce sont surtout les saisonniers qui sont concernés", observe Pierre Scholl, représentant national CGT des remontées mécaniques.
Pour ces saisonniers, les restrictions sanitaires les obligent notamment à effectuer des tests payants tous les jours. Rencontre avec un saisonnier non-vacciné, qui souhaite préserver l'anonymat.
"Comment se déroule ce début de saison pour vous ?
C'est assez compliqué. On se bat quotidiennement pour avoir un 'pass vaccinal journalier', on va appeler ça comme ça. On doit prendre des rendez-vous au centre d'autotest de Méribel ou sinon courir dans une pharmacie ouverte. Ça ne fait pas longtemps que l'on a commencé, mais la pression est assez importante quand même.
Certains se demandent s'ils vont tenir la saison comme ça. Ils se demandent comment ça va se passer. On vit la chose au jour le jour et c'est assez difficile.
Et puis ça coûte de l'argent...
Évidemment ça coûte de l'argent. Très vite, la question de la rentabilité va se poser. On a un salaire, mais avec l'autotest à 12 euros ou le test antigénique à 22 euros, on peut vite se poser la question de combien il restera à la fin du mois.
C'est problématique. On aimerait bien trouver des solutions, notamment avec l'entreprise. Le rallongement de la validité du test serait déjà intéressant pour nous. Si on pouvait repasser aux 72 heures, ça nous ferait pas mal de bien financièrement, mais aussi d'un point de vue logistique. On y gagnerait vraiment.
Quelles seraient les autres revendications pour que ça se passe mieux ?
Ces 72 heures seraient un premier bon pas. Pourquoi pas une participation de l'employeur ? Des solutions, il peut y en avoir plusieurs. La CGT a fait pas mal de propositions à ce sujet. On pourrait respirer un peu mieux et envisager la saison différemment.
Je ne suis pas sûr que les gens réalisent vraiment. Moi-même avant de commencer la saison, je savais que ça allait être compliqué. Mais je ne réalisais pas encore. Là, ça va être pénible.
On se sent comment ?
On ne se sent pas bien. On ne se sent pas reconnu en tant que personne. C'est un sentiment assez étrange. Ce n'est pas normal, on sent qu'il y a un problème.
Et ça ne te donne pas envie pour autant de te faire vacciner ?
Non, il y a des principes qui passent avant tout.
Des salariés qui payent pour venir travailler, combien de temps cela peut durer ?
Je ne sais pas. On a essayé de faire des calculs, mais on n'a pas de visibilité franche. On espère que les choses vont changer. On compte sur le fait que des solutions vont être trouvées.
Pour les autres personnes qui sont dans mon cas, on a tous l'envie d'essayer (de poursuivre la saison sans être vacciné, ndlr). Le travail, on l'aime, ce serait dommage de ne pas essayer.
Vous êtes prêt à aller jusqu'où dans ce "combat" ?
J'irai jusqu'où je peux aller, jusqu'à ce que je lâche nerveusement, jusqu'à ce que financièrement, ça n'aille plus. Mais, je ne compte pas fléchir."