"Techniquement, on est morts" : les salariés du site FerroPem en Savoie se résignent

La phase de négociation du plan social de l'usine FerroPem, à Léchère (Savoie), se termine ce vendredi 1er avril. Désormais, les 256 salariés ont perdu tout espoir de sauver leur entreprise.

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C'est la fin d'un feuilleton qui aura duré plus d'un an. Le processus de fermeture du site FerroPem de Château-Feuillet, à La Léchère, débute ce vendredi 1er avril, à minuit.

Dans la nuit du mardi au mercredi 30 mars, un accord majoritaire a finalement été signé par les trois syndicats représentants des salariés. Soit presque un an, jour pour jour, après l'annonce de la restructuration du groupe. Un accord qui grave dans le marbre une série de mesures d'accompagnement social obtenues par les syndicats auprès de la direction, mais qui ouvre en même temps la voie à la poursuite du Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE).  

Ainsi, les 256 salariés du site de Château Feuillet ne seront pas sauvés. Les salariés sont désespérés. 

"On est une mine d'or qui ne demande qu'à fonctionner"

"On est morts, techniquement on est morts, lâche Roger Roelandts, délégué syndical (FO) chez Ferropem. La seule chose qui pourrait nous sauver, ce serait que Macron fasse quelque chose. Mais ça relève du rêve, voire de l'impossible." 

Roger Roelandts est amer. Il cite l'expert du Comité social et économique (CSE) qui avait réfuté le motif économique avancé par FerroPem face aux bénéfices engrangés par le groupe métallurgique. "On bat des records, on a trop de demandes par rapport à la production, reprend-il. On est une mine d'or qui ne demande qu'à fonctionner. Et pourtant, on nous interdit d'aller chercher de l'or." 

On sait que c'est plié

Roger Roelandts, délégué FO

L'argument est repris par Yohann Gouarab - "12 ans dans l'entreprise et père de trois enfants", comme il se présente. "Quand le PSE a été annoncé, la tonne de silicium était à 1 500 euros. Maintenant, elle se situe entre 4 000 et 6 000 euros, ajoute le délégué du personnel. Il y a encore plus de demandes à cause de la guerre en Ukraine, et on est le seul four à silico-calcium (CaSi) en Europe." 

Se tourner vers l'avenir

C'est désormais un avenir bien sombre qu'entrevoient les salariés du site FerroPem de La Léchère. "Certains ont lâché l'affaire depuis longtemps. Mais pour ceux qui restent, qui ont 20 ou 30 ans dans l'entreprise, comment repartir sur autre chose ? J'espère qu'il n'y en aura pas qui attenteront à leur vie", souffle Roger Roelandts. 

"Nous avions des salaires corrects, une mutuelle par l'employeur, reprend Yohann Gouarab. Ca sera très difficile de retrouver la même chose. C'est une décapitation pour plus de 200 familles". 

Depuis trois semaines, les salariés ne peuvent plus se rendre sur site. La direction a désactivé leurs badges et a chargé une autre entreprise d'assurer la sécurité des lieux. "C'est d'un cynisme total, on aimait se retrouver sur le site. C'est comme nous dire d'aller mourir en silence", regrette le délégué syndical FO chez FerroPem. 

L'accord entre les mains de la Direction régionale de l'emploi

Ce vendredi 1er avril à minuit donc, le contenu du plan social sera envoyé aux services de la Direction Régionale de l'Économie, de l'Emploi, du Travail et des Solidarités (Dreets) de la Savoie (ex-DIRECCTE), qui seront chargés de l'étudier et de l'approuver.

"Mon seul espoir, c'est que les services de l'Etat rejette l'accord, tente Yohann Gouarab. Mais bon, il faut être réaliste. On espérait un rebondissement avant l'élection présidentielle, mais ça n'a pas eu lieu."

Les premières lettres de licenciement devraient arriver à la fin du mois de mai. Les salariés auront tout de même la possibilité de bénéficier d'aides à la reconversion, notamment grâce aux 18 mois de congés de reclassement, négociés par les syndicats. 

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