Ugitech : "Il y a encore beaucoup d'émotion", réagit le directeur du site après le décès d'un ouvrier

Les obsèques de Yassine, un ouvrier décédé le 3 janvier dernier après un accident dans l'usine Ugitech d'Ugine (Savoie), ont eu lieu ce vendredi 14 janvier. Le directeur du site, Patrick Lamarque d'Arrouzat, est revenu sur cette journée et les suites de ce drame.

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Le lundi 3 janvier dernier, en milieu de matinée, un grave accident industriel s'est produit dans l'usine Ugitech, située à Ugine (Savoie). Un pont d'aciérie, haut d'une quinzaine de mètres et traversant le bâtiment, s'est affaissé au cours d’une opération de production et a causé la mort d'un ouvrier. Un temps porté disparu, il avait finalement été retrouvé sur les lieux du drame, le lendemain.

Plus de dix jours plus tard, l'émotion est toujours grande parmi les aciéristes. Une délégation du site est partie, ce vendredi 14 janvier, à La Rochette pour assister aux funérailles. Le directeur du site Ugitech, Patrick Lamarque d'Arrouzat, revient sur ces événements.

"Les obsèques de Yassine ont eu lieu ce vendredi. Comment s'est poursuivi l'hommage des salariés d'Ugitech ?

Patrick Lamarque d'Arrouzat : Il y a toute une délégation de l'aciérie qui s'y est rendue. Il était important qu'on soit là-bas. Il y avait beaucoup de monde. On devait accompagner la famille.

Comme vous pouvez l'imaginer, il y a encore beaucoup d'émotion. On est encore dans une phase d'incompréhension. Le démantèlement du pont est en cours. L'analyse des causes de l'accident n'a pas encore démarré, ça devrait commencer la semaine prochaine. Il y a donc encore beaucoup de dignité et de retenue.

Comment était Yassine dans la vie ? Quel collègue était-il ?

Yassine était très apprécié de ses collègues. On disait de lui qu'il était joyeux. C'était quelqu'un de très serviable avec ses collègues. Ca a donc été un choc immense pour eux.

Il aimait son métier de pontier. Il aimait rendre service. Encore une fois, il était très apprécié.

Patrick Lamarque d'Arrouzat, directeur du site Ugitech.

Il aimait son métier de pontier. Il aimait rendre service. Encore une fois, il était très apprécié. Il avait créé des attaches avec des collègues de travail.

Il avait été embauché en 2018. Il habitait à La Rochette, pas très loin. Sa famille est installée là-bas.

Un grand élan de générosité a eu lieu suite à son décès. Une cagnotte en ligne a été lancée par certains de ses collègues. Elle a atteint plus de 42 000 euros ce vendredi. Comment avez-vous réagi ?

Cette initiative montre toute la solidarité qui a pu se mettre en place autour de cet événement tragique. On a également créé une adresse mail pour recevoir les messages de soutien. Nous en avons déjà reçu des centaines, que nous faisons parvenir à la famille.

Ugitech s'occupe de toute la partie prévoyance, un accompagnement financier va être finalisé. On a également ces cellules psychologiques. Il y a vraiment toute une solidarité autour de cet événement.

L'impact a eu également des retentissements sur l'ensemble du département. Nous avons reçu Monsieur le Préfet, le sous-préfet, Monsieur Gaymard (président du département, ndlr), le maire d'Ugine, des représentants de la région, la sénatrice Martine Berthet, le député Vincent Rolland... Toutes ces personnes nous ont témoignés leur soutien. C'était important pour nous, pour garder confiance et pour faire repartir l'activité.

Avez-vous des nouvelles de la famille de Yassine ?

La dignité de cette famille est extraordinaire. Elle va nous donner du courage pour continuer notre chemin. Il y a eu beaucoup de sérénité et de calme dans nos contacts avec eux.

On les accompagne et on les tient informer de tout ce que nous faisons en ce moment, avec toute la discrétion que l'enquête demande. On essaye de leur fournir toutes les informations dont on dispose et de les soutenir dans cette épreuve. 

Comment est l'état d'esprit au sein des salariés d'Ugitech ?

L'usine est fermée pour le moment. Nous reprenons que très progressivement le travail dans certains secteurs. Mais l'aciérie reste fermée par arrêté préfectoral. Nous avons établi des cellules psychologiques. Certaines personnes peuvent se faire accompagner, c'est normal dans une situation de ce type-là.

Chacun essaye de retrouver ses marques, son quotidien.

Patrick Lamarque d'Arrouzat, directeur du site Ugitech.

On est dans une phase de reprise d'activité très partielle, très progressive. Chacun essaye de retrouver ses marques, son quotidien.

L'aciérie étant fermée, on essaye de s'approvisionner à l'intérieur du groupe. En parallèle de ça, des groupes de travail se sont constitués en interne pour répondre à l'enquête, pour essayer de comprendre ce qu'il s'est passé.

Pouvez-vous justement revenir sur les faits de ce 3 janvier ?

A 10h40, un des ponts de l'aciérie s'est écroulé. C'est un pont qui transporte des poches de métal liquide, d'un endroit du process à un autre. Pour une raison qui reste encore inconnue, ce pont a cédé et a entraîné, avec lui, la cabine de pilotage, ce qui a causé le décès de Yassine.

On espère arriver à une explication.

Patrick Lamarque d'Arrouzat, directeur du site Ugitech.

Une partie du pont est restée sur son chemin de roulement. Cette semaine, il a été démonté pièce par pièce pour pouvoir mettre l'ensemble de la structure à disposition de la justice. Des experts vont désormais essayer de comprendre ce qu'il s'est passé.

L'origine de cet accident demeure, donc, encore inconnue...

Nous avons plusieurs semaines d'enquête et d'analyse devant nous. La situation est très complexe. Il va falloir étudier toutes les possibilités, n'écarter aucune piste.

On espère arriver à une explication. Ce sera une des conditions nécessaires pour reprendre le travail de manière acceptable.

Quand espérez-vous une réouverture de l'aciérie ?

Notre meilleure estimation aujourd'hui est de trois mois d'arrêt. Cela a donc des conséquences énormes sur l'ensemble de nos flux. On a quelques semaines de stock, en terme d'activité, devant nous. Il va falloir trouver des solutions externes avec le groupe ou avec d'autres confrères pour tenter de reprendre une activité sur la partie aval de notre process. Il en va de la pérennité de notre entreprise et des emplois.

Dans quel contexte va avoir lieu le retour des employés ?

Nous avons prévu une minute de silence, lundi prochain (le 17 janvier, ndlr) à 10h40 pour rendre hommage. Il y aura un accueil organisé pour tous les employés pour leur expliquer ce qu'il s'est passé, les conditions de l'accident et ce que nous sommes en train de faire en terme de contrôle.

On va contrôler l'ensemble des ponts d'Ugitech pour rassurer tous les pontiers. Et on leur donnera nos perspectives et nos actions mises en place pour reprendre l'activité.

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