Le parc de la Vanoise, premier parc national crée en France, intensifie ses échanges avec son voisin italien, le parc du Grand Paradis. Cette collaboration permet aux deux espaces de parfaire leurs connaissances en matière de préservation d'une espèce emblématique des montagnes alpines : le bouquetin.
Première publication de l'article le 10/06/2023
"C'est ici, dans ce vallon de l'Orgères, que tout a commencé pour le parc de la Vanoise". Xavier Eudes le directeur du parc national de la Vanoise est fier d'accueillir, dans ce joli vallon de la haute vallée de la Maurienne, son homologue italien du parc national du Gran Paradiso (Vallée d'Aoste).
"En 1963, au moment de la création du parc de la Vanoise, c'est ici que les derniers bouquetins avaient trouvé refuge. C'est à partir de cette population et des bouquetins réintroduits par le parc voisin du Grand Paradis que la reconquête du territoire alpin a pu être entamée. C'est comme ça que nous sommes passés de 60 individus il y a 60 ans, aux 3000 bouquetins qui vivent actuellement en Vanoise".
D'un sourire, Bruno Bassano, son homologue du parc italien acquiesce et apprécie l'hommage. C'est qu'en 1963, le voisin du Grand Paradis avait déjà une expérience de 40 années de fonctionnement derrière lui.
Créé en 1923, par la volonté de Victor Emmanuel II, roi d'Italie et grand chasseur de bouquetins, le premier parc national italien n'avait pas encore vocation à protéger. C'est avant tout pour assurer la survie d'un animal victime de la surchasse que le souverain avait décidé d'assurer son avenir en "sanctuarisant" son territoire de vie.
Deux parcs "frères"
"Nos aînés italiens nous ont littéralement servis de grands frères à nos débuts", poursuit Xavier Eudes. "Ils nous ont appris leurs techniques, leurs savoir-faire et ont contribué à la formation des équipes des gardes de la Vanoise. [...] Il nous aura fallu du temps, jusqu'au début des années 1980, pour que l'on passe du statut de petit frère à celui de vrai partenaire."
Une entente cordiale désormais bien établie et renforcée au cours des décennies par de nombreuses collaborations communes. Par le biais de programmes européens transfrontaliers, par la mise en place de formations en commun ou d'initiatives partagées tel ce concours photos ouvert chaque année aux chasseurs d’images naturalistes des deux pays et baptisé : "Fotografare il parco"
Dans les pas des bouquetins
Un rapprochement des hommes qui n'a fait qu'emboîter le pas à celui des bouquetins. "Les premiers gardes du parc du Grand Paradis s'en étaient déjà aperçus en leur temps. Mais cela nous a été confirmé depuis par nos analyses génétiques modernes", confirme Bruno Bassano, le directeur du parc italien.
"Nos populations de bouquetins ont les mêmes origines ! D'ailleurs, toutes les études de traçage des bouquetins que nous effectuons, grâce au collier radio ou GPS nous confirment que les échanges entre nos deux populations sont continuels".
"L'occasion des 100 ans du Grand Paradis et des 60 ans de celui de la Vanoise, nous est apparue comme le moment idéal pour capitaliser sur les savoir-faire déjà mis communs, explique encore Xavier Eudes. "Pour faire le point, également sur les acquis de chacun : en prenant le meilleur des compétences acquises de part et d'autre de la frontière".
"N'oublions pas que le bouquetin est une espèce 'parasol', poursuit son homologue italien avant d'expliquer : "Sa protection a assuré, en même temps, celle de tout le territoire situé autour de lui. On le connaît suffisamment bien aujourd'hui pour partir de cette espèce et imaginer ensemble l'évolution de notre environnement montagnard face à deux grands défis d'avenir qui lui sont posés : le changement climatique et l'impact du tourisme de masse."