Les habitants du val Ferret, dans le Mont-Blanc italien, risquent de vivre un nouvel été avec les yeux rivés sur les hauts du glacier de Planpincieux. Comme en 2019 et en 2020, plusieurs milliers de mètres cubes de glace en mouvement menacent de s'écrouler sur la petite vallée frontalière. Au point que des géologues ont placé le glacier en "surveillance spéciale".
Du côté italien du Mont-Blanc, le glacier de Planpincieux fait désormais l'objet d'une "surveillance spéciale". Pour cause : une partie de sa masse glaciaire en mouvement menace de s'écrouler en contrebas, dans le val Ferret.
"Depuis quelques semaines, notre surveillance radar nous a plusieurs fois signalé des vitesses de déplacement du glacier proches des valeurs maximales. Le premier dépassement est survenu le 2 juillet : c'est ce qui nous a obligés à mettre le glacier en alerte rouge", indiquent des géologues italiens.
Ce n'est pas sur l'ensemble de son volume que le glacier de Planpincieux, situé dans la région du Val d'Aoste, a été mesuré en excès de vitesse par les géologues de la "Fondazione Montagna Sicura". Mais sur une toute petite partie qui représente, tout de même, près de 220 000 mètres cubes de glacier.
Quatre maisons menacées et l'unique route coupée
"C'est la moitié du morceau de glacier qui menaçait de tomber en 2020", relativise Fabrizio Troilo, le coordinateur de la section recherche de la fondation italienne. Car, depuis plusieurs années, ce glacier fait l'objet d'une surveillance. En 2020, on parlait alors d'un volume d'environ 500 000 mètres cubes. Soit plus ou moins le volume de la cathédrale de Milan, ou celui d'un terrain de football recouvert d'une couche de 80 mètres de glace.
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Cette fois-ci, même si le secteur ne fait "qu'à peine" trois fois le volume de la cathédrale de Notre-Dame de Paris, le plan de gestion des risques, mis au point dès les premières alertes en 2019 par la commune de Courmayeur, a été aussitôt réactivé.
Ce plan implique la fermeture partielle de la route en amont de Planpincieux et du sentier piétonnier. Mais également un "couvre-feu" décrété pour les occupants des quatre habitations les plus à risque.
Après la canicule, le mauvais temps en cause
Pour les experts, cette nouvelle alerte est la conséquence directe du dérèglement climatique. Mais à la différence des années précédentes, il semble que ce soient les mauvaises conditions météo du mois de juin qui aient causé le franchissement du seuil d'alerte.
"Sur un glacier en mouvement à peu près stabilisé comme celui de Planpincieux, de fortes précipitations à répétition peuvent constituer un facteur déclencheur", précise encore le géologue.
Les risques d'orage de ce samedi 6 et dimanche 7 juillet ont ainsi obligé le maire de Courmayeur à fermer temporairement l'itinéraire de substitution mis en place pour permettre le transit automobile dans le val Ferret (celui-ci a dû rouvrir au soir de ce dimanche 7 juillet, ndlr).
Une preuve de plus, que malgré une météo fluctuante, les estivants de la petite vallée frontalière sont loin d'en avoir encore terminé avec la menace qui pèse au-dessus de leurs têtes.