En Savoie, les travaux de purge et de sécurisation continuent sur la falaise de La Praz qui s'était effondrée il y a près d'un an. Des cordistes travaillent chaque jour sur ce chantier titanesque pour rouvrir au plus tôt la voie ferrée et la route départementale situées en contrebas.
A 250 mètres de hauteur, les cordistes travaillent 7 jours sur 7, presque dans le vide, pour purger et nettoyer la falaise de La Praz, en Savoie. Quelque 15 000 m3 de roches s'en étaient détachés le 27 août 2023, endommageant un tunnel ferroviaire et une route départementale de la vallée de la Maurienne.
Les ouvriers interviennent pour sécuriser le pan de montagne, détachant des blocs instables qui peuvent atteindre jusqu'à 100 m3. Le chantier ne s’arrête que quand la météo se dégrade. "On fait cinq jours de travail, cinq jours de repos. Il y a un roulement qui permet d'avoir du personnel en permanence sur la falaise pour faire avancer le chantier. Ça doit être l’un des plus gros chantiers de France", souligne François Guinard, cordiste de l'entreprise Citem.
Les déposes en hélicoptère sont obligatoires pour ce chantier exceptionnel. Le Super Puma est utilisé tous les jours pour transporter 1 tonne de matériel par rotation, en plus des ouvriers. Chaque mois, 6 000 sacs de ciment sont nécessaires à la poursuite du chantier.
"Un éboulement centennal"
Dans la falaise elle-même, il faut enfoncer des pieux dont certains font 13 mètres de long pour 120 kilos. Ces pieux retiennent ensuite des filets déployés sur une surface de 18 000 m². Mais la montagne est fragile, remplie de fissures et de cavités.
"C'est une sorte de gruyère qu'il faut maîtriser en surface, car on ne maîtrise pas les profondeurs de la montagne. Nous sommes les petites fourmis qui viennent conforter la peau de la montagne", image l'un des chefs de chantier, Gaël Curtillat. Les responsables espèrent que les filets tiendront au moins une quinzaine d’années.
"Il n'y a pas eu de tel événement sur le réseau SNCF depuis plus de 60 ans. C'est vraiment un dossier exceptionnel avec un éboulement centennal. Pour la Savoie, c'est une priorité absolue", assure le président du Conseil départemental de la Savoie, Hervé Gaymard, reconnaissant des retards dans les travaux à cause de "mauvaises surprises".
Pour l’instant, 13 millions d’euros ont été investis, soit deux fois plus que ce qui était prévu à l'origine. "Les géologues, au fur et à mesure de leur travail, ont découvert des travaux supplémentaires à faire. Il y a un an, on parlait de 6 millions d'euros environ. Maintenant, nous parlons de 13 millions d'euros", a-t-il précisé.
Un point d’étape, crucial, sera organisé en décembre. En fonction de l’avancée des travaux, une date pourra alors être fixée pour la réouverture de la ligne SNCF, peut-être au printemps 2025 si le calendrier est tenu. Pour la RD1006, en revanche, le délai s'annonce plus long. Les travaux de remise en état ne débuteront pas avant l'année prochaine.