VIDEO. Mondiaux de ski : "J’ai pu toucher les étoiles", rencontre avec Marion Rolland médaille d'or de descente en 2013 à Schladming

durée de la vidéo : 00h02mn54s
Que sont-ils devenus ? France 3 Alpes tire le portrait des anciens champions du monde de ski. Rencontre avec Marion Rolland, sacrée en 2013. ©France 3 Alpes / Daniel Despin - Dominique Semet - Sophie Villatte

A l'occasion des Championnats du monde de ski de Courchevel-Méribel 2023, les équipes de France 3 Alpes sont parties à la rencontre des skieurs médaillés lors des précédents championnats du monde. En 2013, Marion Rolland était sacrée meilleure descendeuse du monde à Schladming en Autriche. Dix ans plus tard, qu'est-elle devenue ?

Elle sera aux premières loges pour encourager les Bleus, dix ans après son titre en descente. Car si elle a quitté le circuit international en 2015, Marion Rolland n'a pas tout-à-fait raccroché les skis. L'ancienne sociétaire des 2 Alpes est désormais monitrice à Courchevel. Son sacre mondial "n'a pas changé [sa] vie". "On est des skieurs, pas des footballeurs, donc je dois aller travailler comme tout le monde", dit-elle dans un sourire.

Mais à l'heure de passer sa carrière à la loupe et de regarder dans le rétroviseur, la skieuse savoure.

"Je n’ai que trois podiums en carrière mais j’ai quand même une médaille aux Championnats du monde. Beaucoup de skieurs arrêtent leur carrière sans avoir vraiment de coup d’éclat donc je me retourne sur ces années-là avec énormément de fierté et en me disant que j’ai eu la chance d’avoir atteint mes objectifs -même si tous n’ont pas été atteints- mais j’ai pu quand même toucher les étoiles, donc pour ça c’est cool".

"Une journée comme tous les sportifs peuvent en rêver... sur le toit du monde"

Les étoiles, Marion Rolland est allée les chercher le 10 février 2013. Alors âgée de 30 ans, la jeune femme connaît ce moment de grâce, "une magnifique journée, une journée comme tous les sportifs peuvent en rêver, sur le toit du monde" :  la consécration, sur la piste autrichienne de Schladming, en Autriche. 

Ce jour-là, elle est en lice pour la descente des Championnats du monde. Elle s'élance avec le dossard 22, elle est donc la dernière du groupe des meilleures. 

"Je pense que je fais une bonne course", dit-elle simplement. "J’ai réussi à garder mon avance sur toute la course", par rapport à Nadia Fanchini. L'Italienne avait été l'une des premières à s'élancer sur la piste autrichienne. Mais "personne n’avait réussi à lui passer devant parce qu’il y avait eu un coup de vent qui remontait la piste et, du coup, tout le monde se cassait un peu les dents sur son chrono", explique la skieuse dauphinoise. Marion Rolland allume finalement du vert dans l'aire d'arrivée grâce à ses 16 centièmes d'avance. 

Un titre mondial, comme une libération

"Je revois les images parce que je les ai vues plein plein de fois à la télé, mais je n’ai plus de sensations de moi en skiant. Je me souviens bien de relever la tête à l’arrivée, de voir cet écran géant en face de moi avec du vert et là, je sais que j’ai fait un bon résultat. Je ne m’imagine pas encore avec la médaille d’or autour du cou, mais je m’imagine avec une médaille et ça c’est déjà énorme".

La skieuse des 2 Alpes ne peut réprimer un cri rageur face aux caméras. "C’est la libération, c’est toute l’énergie que j’ai donnée depuis plein d’années, tous les hauts et les bas que j’ai réussi à surmonter qui font que là, ça sort d’un seul coup, et c’est bien de faire sortir les émotions".

Cette victoire vient d'abord confirmer sa bonne forme depuis plusieurs mois. Un an auparavant, elle avait déjà signé un podium en terminant deuxième sur la même piste de Schladming.

La blessure des Jeux de Vancouver

Mais, si monter et descendre des pistes à toute allure faisait partie de son quotidien, en commençant le ski, Marion Rolland ne s'attendait sans doute pas à vivre autant de montagnes russes émotionnelles. 

Les blessures au genou font presque partie du métier de skieur, mais question timing, on ne peut pas dire que la jeune femme ait été vernie. 

En 2010, à 27 ans, la skieuse participe à ses premiers Jeux Olympiques. Mais le rêve va se transformer en un long cauchemar.

Tout le monde se souvient de sa prestation à Vancouver. Quelques secondes après être sortie du portillon de départ, elle chute et finit sur le bas de côté de la piste, laissant les commentateurs bouche bée.

"A la poussée de départ, mon bâton dérape un petit peu sur le plot et en voulant me rattraper de ce petit déséquilibre, j’appuie un peu bizarrement sur mon genou et ça craque. Je suis sur ma lancée donc j’arrive à patiner, deux-trois pas de patineur, et puis je m’écroule parce que mon genou lâche complètement. C’est mon ligament croisé qui recasse pour la deuxième fois, sans préavis, d’un seul coup".

La risée du monde entier

L'image fait littéralement le tour du monde. La Dauphinoise devient la risée des téléspectateurs et des internautes. Il lui faut gérer la blessure physique et encaisser une avalanche de sarcasmes et de reproches.

"C’est vrai que pour les personnes qui regardent les JO tous les quatre ans à la télé, ce n'est pas très compréhensible. On a l’habitude de voir les skieurs dans des chutes incroyables où les skis volent de tous les côtés et là, sur une chute comme ça, on ne peut pas s’imaginer que je me fasse aussi mal", dit-elle avec calme. "C’est vrai que la chute en elle-même est assez risible", reconnaît la jeune femme. Mais sur les réseaux, le ton est loin d'être bon enfant...

"Cela a été dur parce qu’on me disait des choses horribles, on me disait clairement que je ne méritais pas de vivre, que je ne méritais pas de représenter la France, que je devrais disparaître". 

Survivre aux attaques

Marion Rolland est sous le choc. "Physiquement, je savais que ça allait être un chemin compliqué parce que j’étais déjà passée par là trois ans avant et que je savais les douleurs de l’opération, les hauts, les bas de la rééducation. Je savais où j’allais et j’avais, entre guillemets, signé pour ça. Le sport de haut niveau c’est aussi des blessures, mais ces attaques psychologiques ont été compliquées à vivre".

La skieuse dit avoir réussi à surmonter cette épreuve, notamment grâce à un travail de préparation mentale engagé un an auparavant. "Heureusement, j’avais déjà fait un petit travail sur moi", dit-elle humblement. "Mais, on a beau se dire qu' il ne faut pas regarder les commentaires, qu'il ne faut pas aller voir ce qui se dit, tu y vas quand même, c’est humain". 

Il lui aura fallu beaucoup d'abnégation et de travail pour revenir au niveau après cela. Mais Marion Rolland n'a rien lâché. Ce n'est pas vraiment dans son tempérament. 

Inscrire son nom aux côtés de celui de Marielle Goitschel

Sa couronne mondiale en descente en 2013, elle l'a vécue, non pas comme une revanche sur les JO de Vancouver, mais comme une récompense pour tout le travail accompli et les sacrifices concédés. 

"J’aurais voulu, dans l’idéal, que ce titre m’amène vers d’autres podiums. Malheureusement, je me suis blessée six mois plus tard, ce qui m’a privée de l’hiver des Jeux olympiques de Sotchi" en 2014.

Marion Rolland restera dans l'histoire de l'équipe de France de ski comme celle qui a succédé à Marielle Goitschel, décrochant le titre mondial en descente, 47 ans après la reine de l'alpin.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité