Les Championnats du monde de ski 2023 ont débuté, ce lundi 6 février, avec le combiné dames remporté par l'Italienne Frederica Brignone. Si le public a répondu présent dans les tribunes pour cette première journée, il s'est fait plus rare dans les rues de la station et les commerces de Méribel.
Onze heures, ce lundi. Dans le portillon de départ au sommet de la piste du Roc de Fer de Méribel, l'Allemande Emma Aicher, dossard floqué du numéro 1, s'apprête à donner le coup d'envoi des épreuves sportives de ces Championnats du monde de ski 2023. Un peu plus de deux kilomètres en contrebas, le public est venu en nombre assister à la première course.
Mais, malgré un temps radieux et le début des vacances scolaires, quelques dizaines de places étaient encore vacantes. Le speaker tente de chauffer la foule : "Vous êtes maintenant regardés par 500 millions de téléspectateurs dans le monde entier", hurle-t-il au micro alors que Toya, la mascotte chamois, est envoyée dans les tribunes en émissaire.
"Tempête de ciel bleu"
Loïc, lui, est électrisé par l'événement. Pour encourager Tessa Worley et les autres Françaises, ce Savoyard venu de Moûtiers a posé un jour de congé. Et il n'est pas le seul : "Toute la famille est là. La mère, le père, la copine, les frères, les neveux, les nièces... On est au complet. C'est pas tous les jours que l'on voit ça, c'est une fois dans notre vie. On est là et on est fiers d'y être. On a tout ce qu'il faut : une tempête de ciel bleu, de la neige, on est au top !"
La petite famille a décidé de revenir ce jeudi pour le Super-G hommes de Courchevel. Elle n'est pas la seule à avoir coché plusieurs rendez-vous dans les deux prochaines semaines. Au premier rang des gradins, Alisha est venue seule de Zürich spécialement pour l'occasion : "Je suis là pour encourager Michelle Gisin, Wendy Holdener et toutes les autres Suisses, notamment celles à qui on ne pense pas trop comme Priska Nufer", détaille la jeune passionnée.
La course lui a donné satisfaction : une de ses favorites, Wendy Holdener, est montée sur la deuxième place du podium, derrière l'Italienne Federica Brignone, dominatrice pour s'emparer de la première médaille d'or.
L'organisation de ces Mondiaux à côté de la Suisse a été pour elle l'occasion de se rendre pour la première fois dans la raquette d'arrivée d'une course de ski : "Je n'ai jamais vu du ski en vrai. J'ai toujours regardé ça à la télévision."
C'est quelque chose de la voir participer à ce genre d'événement. C'est de l'émotion.
Nathalie, mère de la skieuse canadienne Valérie Grenier.
Allemands, Suisses, Américains ou encore Norvégiens se sont fait discrets dans les tribunes largement dominées par les drapeaux tricolores. Deux Canadiens ont pourtant trouvé des places idéales face à l'écran géant en bord de piste. Ils sont venus de loin, mais pour la bonne cause : ils sont les premiers supporters de leur fille, Valérie Grenier, skieuse professionnelle de 26 ans.
"Ce sont ses cinquièmes Mondiaux. On va la voir une fois par an pour les gros événements", explique Gabriel, le père, avec l'accent chantant d'Ottawa. "On est fiers d'elle. C'est quelque chose de la voir participer à ce genre d'événement. C'est de l'émotion", ajoute Nathalie, la mère, bonnet avec la feuille d'érable sur la tête.
150 000 visiteurs attendus
En dehors des tribunes et de son tumulte, le village de Méribel et ses protagonistes observent avec attention cette première journée des Championnats du monde. Ils accueillent l'événement avec bonhomie mais ne savent pas encore s'il va leur profiter : "C'est encore un peu tôt. La matinée a été plutôt normale. C'était comme d'habitude. On a peut-être eu un peu plus de monde entre midi et deux mais ce n'était pas la cohue", raconte Marinette qui tient le bureau de presse de Méribel depuis 20 ans.
Une des fenêtres de son commerce donne directement sur la ligne d'arrivée : "Mais on ne peut pas voir tout le haut du tracé. Du coup on regarde la course sur notre ordinateur" situé derrière le comptoir, explique sa collègue Cathy. "Mais pour les concerts du soir, on a une place idéale", ajoute-t-elle avec un grand sourire.
Même son de cloche un peu plus haut à la "Kréperie". Floris est saisonnier depuis quatre ans dans ce restaurant convivial un peu plus excentré du centre du village. La rue descend vers le cœur des animations et la piste du Roc de Fer : "On a eu de l'affluence. Mais les gens s'arrêtent juste prendre un café sur le passage, avant de se rendre aux Mondiaux. Mais ils ne s'attardent pas pour s'attabler. C'est une clientèle un peu différente de d'habitude. Mais il est beaucoup trop tôt pour dire si les touristes sont plus nombreux cette année."
Méribel et Courchevel attendent quelque 150 000 visiteurs tout au long des deux semaines. Une aubaine touristique pour un domaine des Trois Vallées déjà prisé par les skieurs français et internationaux. Pourtant, en ce début de compétition et de vacances scolaires, les skieurs ne semblent pas affluer sur les pistes : "Il n'y a pas beaucoup de familles. Certaines ont peut-être voulu éviter l'agitation de ces Mondiaux et un afflux de touristes. Elles ont préféré skier dans d'autres domaines plus petits avec leurs enfants", discutent deux monitrices de ski dans une télécabine. "Ce matin, j'ai donné des cours, mais cette après-midi c'était calme, ce qui n'est pas habituel pour la période", ajoute l'une d'elle.
Ce mardi 7 février, c'est au tour de la station voisine de Courchevel de faire son entrée sportive dans ces Mondiaux, avec le combiné hommes, alors que la cérémonie d'ouverture y avait été organisée, samedi soir, avec des tribunes combles.