C'est une découverte spectaculaire que spéléos et paléontologues remontent ces jours-ci à la surface de la terre depuis le fin fond d'une grotte des Bauges en Savoie. Des ossements hors d'âge, presque intacts, ceux d'un aurochs, une espèce de vache qui existait il y a 8000 ans.
Ce 28 juin 2021, au bord du gouffre, en plein coeur du massif des Bauges, au fur et à mesure de la remontée de petits sachets délicatement déposés dans un panier, Christophe Griggo, docteur en paléontologie à l’université de Grenoble, l'air parfaitement réjoui, dresse un drôle d'inventaire "ça c'est un morceau de fémur, d'aurochs, ça quelques côtes, d'aurochs, ça c'est un morceau de sacrum, avec une vertèbre dorsale".
L'aurochs, de son nom de baptême scientifique "Bos primigenius" est un animal préhistorique, l'ancêtre lointain des espèces de bovidés, imposant, pouvant peser une tonne et mesurer 1m90 au garrot. La bête, ressemblait à ce dessin rupestre.
C'est en pièces détachées qu'il remonte aujourd'hui des entrailles de la terre, en parfait état, protégé au creux de son gouffre, et un peu délicat à recomposer.
Une opération surtout un peu périlleuse, par 25 mètres de profondeur, dans l'obscurité. Les scientifiques ont sollicité l'aide précieuse du Club Spéléo de l'Isère.
Christophe Griggo et son équipe ne boudent par leur plaisir : " c'est un squelette quasiment entier qui reposait là! " n'en revient toujours pas le professeur : "cette découverte" explique-t-il "en dit long sur l'histoire du Revard, il y a très peu de fossiles de cet animal en Auvergne-Rhône Alpes, à ma connaissance, on en trouve trace qu'ici, cela veut dire, que dans les temps anciens, il y avait des troupeaux d'aurochs dans cette forêt, et ils y avaient creusé leurs trous".
Le voyage des ossements ne fait que commencer. Ils vont être lavés puis séchés avec soin, avant d'être étudiés à la loupe dans le laboratoire de l'Université Savoie Mont-blanc.
Avec une question essentielle : que s'est-il passé entre la mort de l'aurochs et sa fossilisation ?
Le parc naturel régional du Massif des Bauges a financé les datations et facilité le chantier. A terme, ce trésor pourrait être exposé au Musée des Confluences de Lyon, ou au Musée Savoisien de Chambéry.