Des experts redoutent le déversement soudain d’un lac issu de la fonte du glacier de la Grande Motte. Pour éviter une catastrophe, des travaux ont été menés tout l’été pour diminuer son volume et sa dangerosité.
De nouveaux travaux pour sécuriser le lac glaciaire qui menace la station de Tignes, en Savoie. Le lac du Rosolin, apparu en 2019 du fait de la fonte du glacier de la Grande Motte, fait l'objet d'une surveillance rapprochée compte tenu de sa rapide expansion.
Son volume s'élevait à 240 000 mètres cubes l'année dernière, amplifié notamment par les épisodes caniculaires. Il est deux fois moins important à ce jour du fait de travaux entrepris pour maîtriser son volume. Une immense tranchée a été creusée dans la montagne, à 2 800 mètres d'altitude, pour évacuer jusqu'à 240 litres d'eau par secondes dans une zone naturelle à Champagny-en-Vanoise.
Les glaciologues du CNRS réalisent des mesures très régulièrement. "Ce glacier évolue assez vite. Dans le secteur du Roselin, on mesure une variation d'épaisseur de 3 mètres, c'est-à-dire que chaque année, le glacier diminue de 3 mètres. On sait qu'à terme, ce glacier va fortement diminuer d'épaisseur et va même disparaître dans 15 ou 20 ans", explique Christian Vincent, glaciologue au CNRS.
"C'est assez triste"
Pour l'instant, le glacier fait encore barrage, empêchant les eaux du lac de se déverser sur la station de Tignes, située juste en dessous, ainsi que sur le village de Val Claret. "Si l'on ne fait rien, il y a un risque d'écoulement ou de crues torrentielles qui, à cause d'un débit qui serait trop élevé du fait de la fonte, pourraient charrier sur leur passage un certain nombre d'éléments", résume le préfet de la Savoie, François Ravier.
Le glacier de la Grande Motte disparaît de plus en plus rapidement. Il a perdu 40 mètres d'épaisseur en 40 ans, et le rythme s'accélère. La station de Tignes envisage, d'ici quelques années, de supprimer les pistes de ski qui le parcourent.
On se dit que c'est quelque chose qu'on ne cédera malheureusement pas à nos enfants.
Jordan Ré, directeur de la transition environnementale à la station de Tignes
"C'est difficile à voir, c'est assez triste. Ça laisse un paysage un peu désolé. On se dit que c'est quelque chose qu'on ne cédera malheureusement pas à nos enfants. C'est pour ça qu'on en parle, qu'on essaye de faire de la sensibilisation puisqu'on est aux premières loges pour apprécier ces changements", ajoute Jordan Ré, directeur de la transition environnementale à la station.
Un comité de pilotage se réunit régulièrement pour surveiller l'évolution du lac. Il devra décider quels travaux seront menés l'été prochain. La mairie de Tignes étudie également la possibilité de vidanger complètement le lac pour écarter durablement la menace.