Le coureur savoyard a remporté l'un des monuments du circuit international d'ultra-trail, la Hardrock 100 dans le Colorado, aux Etats-Unis. Plus que toute autre, la course de 161 km et plus de 10 000 mètres de dénivelé met les organismes à rude épreuve en raison de l'altitude. Récit d'une folle victoire.
C'est une performance majuscule qu'Aurélien Dunand-Pallaz vient d'ajouter à son palmarès. Le traileur, originaire d'Albertville, a remporté la Hardrock 100 dans le Colorado, aux Etats-Unis, le 15 juillet dernier. La course fait partie des épreuves mythiques du circuit mondial de l'ultra-trail avec la Western States en Californie, l'UTMB à Chamonix, et la Diagonale des Fous à la Réunion.
Le traileur a mis 23 heures et 7 secondes pour parcourir les 161 kilomètres et 10 000 mètres de dénivelé. Il devient le quatrième Français à remporter cet ultra de légende. Revenu à Saint-Jorioz, près d'Annecy, où il vit désormais, il nous raconte cet instant, lorsqu'il a embrassé la fameuse pierre de la Hardrock 100.
"Tout ce que je fais trouve tout son sens quand on gagne"
"Je n'avais pas les jambes trop cassées étonnement. C'était un fabuleux moment. Il y avait ma famille", dit-il.
"Sur ces formats de course-là, c'est très très long, il peut tellement arriver de soucis, de problèmes. Il faut déjà se battre contre soi avant de se battre contre les adversaires. La victoire, c'était le meilleur des scénarios", confie Aurélien Dunand-Pallaz.
Kinésithérapeute et jeune père de famille, il fait, comme tout sportif de haut niveau, des sacrifices et des arbitrages pour s'aligner sur des événements de cette envergure.
"A ce moment-là, je suis satisfait, je suis heureux. Je me dis que tout l'entraînement que j'ai fait a payé. Tout ce que j'ai fait, ça trouve tout son sens quand on gagne une grande course internationale comme celle-ci", ajoute le coureur.
D'autant que l'ancien footballeur, qui s'est mis au trail il y a une dizaine d'années, a relégué la concurrence à 50 minutes, en la personne de Benat Marmissolle, un autre Français.
"Wild and tough", la devise de la Hardrock 100
"J'ai eu de l'avance dès le début de la course, j'ai tout de suite eu 4-5 minutes et l'écart n'a fait que grandir au fur et à mesure. C'était le scénario idéal pour moi parce que j'ai pu gérer mon allure comme je voulais. L'écart c'est anecdotique, le but c'est la place", assure-t-il.
Le parcours de la Hardrock 100, "sauvage et dur", comme le veut sa devise, est surtout marqué par une altitude très élevée avec une moyenne de 3 300 mètres. Aurélien Dunand-Pallaz est parti deux semaines aux Etats-Unis pour s'acclimater avant le départ.
Plus de 3300 mètres d'altitude en moyenne
"Les premiers jours après les sorties en course à pied, j'avais un petit peu mal à la tête le soir. Mais c'est vite passé. Les sensations respiratoires sont différentes, ainsi que les repères d'allures. On va moins vite, le corps est moins efficace mais le jour de la course, je ne l'ai pas ressenti, même quand je suis passé à 4 300 mètres, donc c'est que l'acclimatation s'était bien passée", raconte-t-il, satisfait.
Paumé au milieu de la nature, les pieds mouillés
L'ambiance, dans le Colorado, est bien différente de celle de l'UTMB. Aurélien Dunand-Pallaz avait terminé deuxième à Chamonix en 2021 derrière François d'Haene.
"L'UTMB, c'est un énorme événement. On est plus de 2 000 au départ. Là, on n'est que 150, c'est très intimiste. Il n'y a pas de ligne de départ, on est au milieu de la rue, le directeur de course fait le décompte et c'est parti. Les ravitos, ce sont de petits ravitaillements. C'est une course très sauvage, on ne croise que deux grosses villes mais sinon, on est perdu au milieu des montagnes, dans des grands espaces. On ne croise personne, on est paumé au milieu de la nature", continue-t-il.
"On traverse beaucoup de rivières, on avait les pieds extrêmement mouillés pendant la course, ils n'avaient pas le temps de sécher donc ça fait un peu des échauffements dans les chaussures. Mais je m'en suis plutôt bien sorti", poursuit le traileur qui concède avoir eu "un coup de moins bien" après le 90e kilomètre, au bout de 11 heures de course.
Son meneur d'allure pour le soutenir pendant la nuit
Heureusement, c'est à ce moment-là qu'il a retrouvé son "pacer", son lièvre, un meneur d'allure. La pratique est autorisée aux Etats-Unis. "Pour les 70 derniers kilomètres, j'ai eu Ludovic Pommeret qui m'a accompagné jusqu'à la ligne d'arrivée. Il m'a apporté du soutien, en discutant par moments. Dans la nuit, il m'éclairait, il se mettait derrière moi et cela faisait un éclairage en plus de ma lampe frontale. Il me donnait aussi les écarts", indique Aurélien Dunand-Pallaz.
La Haut-Savoyarde Anne-Lise Rousset-Séguret, deuxième féminine
Il était également renseigné sur les écarts avec les féminines, car Courtney Dauwalter n'était pas très loin. L'Américaine s'est imposée chez les femmes en 26 heures et 14 minutes, réalisant le quatrième temps, hommes et femmes confondus. Elle a devancé une autre traileuse française, la Haut-Savoyarde Anne-Lise Rousset-Séguret, qui s'est classé deuxième féminine à Silverton.
Aurélien Dunand-Pallaz ne s'alignera pas sur l'Ultra trail du Mont-Blanc dans un mois. Pour l'instant, il se repose et se prépare pour un autre monument du trail, la Diagonale des Fous, à la Réunion, au mois d'octobre.