Belmondo et Delon. 43 ans après, le duo mythique du cinéma français et notamment du film "Borsalino" s'est reformé le temps d'une journée. Mais en version "junior". Mardi 4 avril, les fils des deux acteurs étaient en effet les invités surprise lors de l'inauguration, à Alessandria dans le Piémont, du musée célébrant l'histoire séculaire du chapelier italien.
Le secret avait été bien gardé et la surprise était de taille. En voyant approcher du siège de l'ancienne usine Borsalino, les silhouettes de deux personnes ressemblant à Alain Delon et Jean Paul Belmondo, les 120 participants à l'inauguration du nouveau musée Borsalino - à Alessandria dans le Piémont - italien, n'en ont pas cru leurs yeux.
C'est que les deux héritiers ne manquent pas de traits communs avec leurs illustres paternels. Le même port altier, le même discours plus ou moins déclamé, pour Anthony Delon. Un sourire et une décontraction que ne pourrait renier le grand "Bebel" pour Paul Belmondo.
Coup de pub réussi
Un fils d'acteur devenu homme d'affaires qui loue le prestige d'une marque, le savoir-faire d'un site de production, quand l'autre confie ses souvenirs d'enfance ou la fidélité à ses racines piémontaises.
"Borsalino, c'est une marque iconique qui représente l'histoire du cinéma. Et pas seulement pour le film tourné par mon père mais pour tous les films de gangsters qui ont bercé mon enfance" se souvient Anthony Delon.
Pour Paul Belmondo, c'est avant tout un retour aux sources : "Venir ici, pour moi, c'est émouvant. Parce que les racines de ma famille sont dans le Piémont." Une visite en terres piémontaises qui fait aussi rejaillir des souvenirs : "Depuis tout petit, j'ai toujours vu mon père avec un Borsalino sur la tête. Quant au film, on l'a regardé ensemble sur film en 16 mm, puis sur cassettes, sur dvd : 10, 20,40 ou 50 fois peut-être".
En reconstituant, avec les deux fils de stars, le duo gagnant qui a permis de relancer la marque dans les années 70, Borsalino s'est offert un nouveau et joli coup de pub.
Au bord de la faillite
Cela faisait bien longtemps en effet, qu'une foule de photographes et de journalistes ne s'était déplacé à Alessandria dans le but de relater un évènement heureux lié à Borsalino. Il y a 5 ans, les articles et reportages sur l'usine du mythique chapelier ne parlaient que de la faillite prononcée par le tribunal de la ville et des inquiétudes pour l'avenir de la marque.
Les 120 salariés de l'usine, comme de nombreux habitants avaient alors fait corps pour sensibiliser l'opinion publique à un véritable drame : celui d'une marque, icone du savoir-faire industriel italien, apparemment alors, condamnée par les agissements financiers frauduleux de son ex-patron.
En 2018, France 3 Alpes avait réalisé à Alessandria, un reportage sur l'ampleur de la mobilisation pour sauver l'entreprise séculaire au bord de la faillite.
Vers le renouveau du mythique chapeau
Une impasse dont la marque Borsalino semble désormais sortie. C'est du moins le message qu'à voulu faire passer son nouveau propriétaire lors de l'inauguration.
"Les temps ont changé", a expliqué Philippe Camperio, le repreneur suisse de Borsalino et patron du groupe Haeres. "Nous sommes remonté à 200 employés actuellement. Il y a 70 ans, Borsalino en comptait encore 6000 ici. Il est certain que l'on ne reverra pas celles que l'on appelait autrefois les "borsalinettes" (les employées de l'usine sortant en groupe, à bicyclettes de l'usine. NDLR), mais notre joie aujourd'hui, c'est de voir que nous avons, à nouveau, des projets de développement à l'international, aux Etats-Unis et en Chine notamment."
"Un vrai voyage dans le temps"
Davantage encore que leur séance d'essayage de chapeaux dans la boutique historique du centre-ville, c'est la visite de l'usine qui a le plus marqué les deux visiteurs d'un jour à Alessandria.
"Quand on réalise que pour fabriquer un seul chapeau, il faut 7 semaines", expliquait doctement Anthony Delon à sa sortie, "et qu'il faut 52 étapes avant de sortir le produit fini... On se dit que cette visite, c'est un vrai voyage dans le temps, d'abord, et puis, que ce sont des pièces qui, au final, méritent d'être gardées par leurs acheteurs, tout au long d'une vie. C'est à méditer dans notre société de surconsommation".
Une visite de l'usine Borsalino que nous avions pu réaliser en 2010. L'occasion de découvrir (ou redécouvrir) le savoir-faire de ce chapelier mythique crée en avril 1857, il y a tout juste 166 ans.