Le producteur de matériaux semi-conducteurs Soitec a annoncé mercredi 20 novembre avoir creusé sa perte nette de 20% au premier semestre de son exercice décalé, à 160 millions d'euros, mais maintient son objectif de retour à une exploitation positive en 2015-2016.
Sur les six mois achevés fin septembre, le chiffre d'affaires du groupe isérois situé à Bernin a plongé de 30% à 91 millions d'euros. Sa perte opérationnelle courante s'est établie à 71,9 millions, contre 70,2 millions un an plus tôt, en ligne avec les prévisions, c'est ce qu'a expliqué le groupe dans un communiqué diffusé le 20 novembre.
Soitec s'attend à ce que sa marge opérationnelle reste négative pour son exercice 2013-2014, explique-t-il. Néanmoins, le groupe continue de miser sur un net rebond au second semestre, grâce à une "forte croissance séquentielle du chiffre d'affaires de la division solaire" liée à un projet de construction d'un parc solaire de 22 mégawatts en Afrique du Sud.
Le groupe indique néanmoins que ce rebond reste soumis à l'obtention d'un feu vert administratif du gouvernement sud-africain, qui permettrait de comptabiliser le projet dans son chiffre d'affaires.
Le PDG de Soitec André-Jacques Auberton a tenu à souligner que le projet respecte ses délais sur le terrain et ne rencontre qu'un "problème comptable". "Ces 22 mégawatts sont dans l'inventaire, ils sont construits et ils vont être connectés au réseau dans les prochaines semaines", a-t-il assuré.
Soitec avertit également que d'autres projets, comme la construction d'un parc solaire en Californie, pourraient être retardés, et que "leur contribution significative au chiffre d'affaires de la division énergie solaire n'est pas totalement garantie avant la fin de l'exercice en cours".
Le projet californien de Soitec est sur les rails, a expliqué André-Jacques Auberton. Mais "l'échéance de fin mars est une coupure un peu théorique (...). Nous avons besoin d'une visibilité un peu plus précise pour donner des 'guidances', sachant qu'un décalage d'une semaine ou deux peut avoir un impact important", en fonction de leur l'inclusion ou non dans les résultats de l'exercice en cours.
L'industriel rappelle également que le plan social qu'il a mis en place sur son site de Bernin, son siège social où il emploie 950 salariés, complète ses différentes mesures de restructurations qui doivent lui permettre d'économiser jusqu'à 17 millions d'euros. 89 salariés doivent être touchés par le plan social. "La majorité sont des départs volontaires et des mises à disposition d'autres acteurs industriels dans le cadre du pôle de compétitivité grenoblois", a précisé André-Jacques Auberton.
Soitec a également fermé son site de Singapour en septembre, a rappelé le dirigeant. Ces mesures doivent contribuer à l'objectif réaffirmé ce mercredi d'un retour à une marge opérationelle positive sur l'exercice 2015-2016.
Au premier semestre la division électronique, l'activité ultra-majoritaire de Soitec, continue d'être déficitaire mais réduit sa perte nette à 32,9 millions d'euros contre 68,4 millions l'an dernier. Les résultats restent négatifs car le chiffre d'affaires de ce segment dégringole de 28,6%, notamment à cause de la faiblesse du marché des PC, obligé de "reculer au profit des smartphones".
La division solaire, activité sur laquelle Soitec compte beaucoup pour se redresser, creuse elle sa perte nette, à 101,1 millions d'euros contre 45 millions l'an dernier. L'industriel explique ce fossé par les mesures de rationalisation engagées sur son site de Fribourg (Allemagne). Elles engendrent une charge exceptionnelle d'environ 50 millions, comptabilisée au titre de la dépréciation d'actifs, des restructurations et de l'amortissement accéléré de certains de ses équipements.
Le creusement des pertes a néanmoins été mal accueilli par les investisseurs. En fin de matinée, l'action Soitec perdait 3,95% à 1,46 euros, soit une des plus fortes baisses du SBF 120.
