Les incertitudes qui pèsent sur la saison d'hiver rendent la recherche d'emploi d'autant plus ardue pour les saisonniers. Les embauches risquent de chuter jusqu'à 40% dans les stations de ski selon les secteurs, d'après la CGT.
Des heures de recherches pour très peu de résultats. Les saisonniers ont vu leurs espoirs douchés par l'allocution du chef de l'Etat mardi 24 novembre. "Il me semble impossible d'envisager une ouverture [des stations de sport d'hiver, NDLR] pour les fêtes", a déclaré Emmanuel Macron. Exit, donc, les vacances de Noël au ski et dans le même temps, les chances pour les saisonniers de décrocher un contrat d'ici la fin de l'année.
Inès, 24 ans, est une habituée des saisons. Dès le mois d'octobre, elle avait obtenu une promesse d'embauche dans un magasin des Arcs 2000, en Savoie. Mais à une condition : le contrat ne serait signé que si la station ouvrait pour la saison. "Je croyais en ma bonne étoile", explique la jeune femme qui se retrouve finalement sur le carreau. Face aux incertitudes liées à la crise sanitaire, la boutique a décidé de rester fermée tout l'hiver.
"On ne peut en vouloir à personne", dit-elle alors que "tout le monde est dans le flou". Tout le monde, y compris ceux qui sont allés toquer à la porte des stations pour la première fois, espérant y trouver un emploi. C'est le cas de Jérémy, intermittent du spectacle qui n'a décroché aucune mission dans le domaine de la culture depuis le printemps.
"On m'avait dit que les stations, c'était un bon plan pour trouver du boulot. D'habitude, ils recherchent des saisonniers", raconte-t-il. Les stations de sport d'hiver des Alpes du nord accueillent habituellement 100 000 saisonniers chaque année. "J'ai envoyé 60 CV et je n'ai reçu aucune réponse, sauf deux pour me dire que je n'étais pas assez qualifié", explique Jérémy qui a fini par trouver un emploi ailleurs.
Jusqu'à 40% d'embauches en moins
Particularité cet hiver, "il y a plus de demande d'emploi que d'offre", note Benjamin. Lui a obtenu une promesse d'embauche dans un restaurant de Saint-Martin-de-Belleville (Savoie). "J'ai eu de la chance de tomber sur la bonne offre", estime-t-il, ses quelque 10 ans d'expérience en saison aidant.
"C'est un jeu de dupe avec les employeurs", juge pour sa part le représentant CGT des saisonniers en Auvergne-Rhône-Alpes, Antoine Fatiga, qui "ne comprend pas pourquoi ils n'y a pas plus d'embauches". Selon lui, les remontées mécaniques risquent d'employer jusqu'à 10% de saisonniers en moins. Un chiffre qui grimpe jusqu'à 40% selon les secteurs.
"J'ai l'impression que c'est les employeurs qui cherchent à nous séduire plutôt que l'inverse. Ils voudraient pouvoir nous appeler quand ils veulent, ou nous laisser tomber au dernier moment", complète Inès, rappelant les incertitudes qui pèsent sur eux.
En attendant, "le temps est terriblement long", déplore Manon qui doit commencer sa saison dans un restaurant de Méribel (Savoie) quand la situation sanitaire le permettra. "La situation est tellement injuste pour les restaurateurs", estime la jeune femme, déçue de ne pas débuter son contrat pour les vacances de Noël. De son coté, Antoine Fatiga craint une "catastrophe pour les saisonniers, qui sont avant tout des jeunes".