France 3 fait son cinéma et vous montre l’envers du décor avec le portrait d’une illusionniste, Anne Seibel, cheffe décoratrice nominée aux Oscars pour "Minuit à Paris" de Woody Allen. Un film documentaire réalisé par Tibo Pinsard diffusé lundi soir sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes.
Elle s’appelle Anne Seibel et le monde du cinéma est à ses pieds. Ou plutôt à ses mains… Anne est cheffe décoratrice. Sa mission : donner vie à l’univers d’un scénario tout en respectant l’auteur et les envies du réalisateur, avec tout de même une petite touche perso.
Et ça marche ! Elle, qui se rêvait architecte, va découvrir les plateaux de ciné au hasard des rencontres. La plus déterminante est celle de Bernard Hévin, chef décorateur de "Tous vedettes" de Michel Lang, et de Jacques Demy. "Sur le plateau je regardais l’équipe de Bernard Hévin et je me disais : ils font ce que je faisais quand j’étais gamine et en plus ils sont payés pour !". Parce qu’enfant Anne aimait, lors des fêtes de famille, inventer des univers avec ses cousins. Elle créait déjà l’illusion !Ils sont payés pour faire ce que je faisais avec mes cousins quand j’étais gamine : inventer histoires et créer des univers !
De fils en aiguilles, de carton-pâte en patines, de dessins en constructions et de films en films, Anne Seibel devient un des grands noms du métier. Elle travaille avec Sofia Coppola pour le film "Marie-Antoinette" et, en 2019, Ralph Fiennes pour "The White Crow". Pour ce long métrage sur Noureev entièrement tourné en studio en Serbie, il a fallu reconstituer l’aéroport du Bourget, une salle de ballet de Saint-Pétersbourg et une de l’Opéra de Paris. "Quand Anne m’a donné les plans, dit Ralph Fiennes, j’ai eu l’impression d’être le commandant d’une opération militaire qui allait devoir agencer tous ses pions sur des cartes ! Mais au final son travail m’émeut beaucoup". Avec "Minuit à Paris" de Woody Allen, Anne Seibel est, nominée aux Oscars en 2012.Le travail d’Anne m’émeut toujours. - Ralph Fiennes, réalisateur
Une nomination aux Oscars et, une fois l’an, loin des super-productions, Anne Seibel offre ses compétences à un jeune réalisateur. "Les courts-métrages, confie-t-elle dans un sourire, c’est se remettre au départ, c’est faire quelque chose avec rien. C’est du plaisir et c’est d’abord et toujours une aventure humaine". Une aventure humaine liée à un fort désir de transmission qui l’ont conduit à enseigner à la FEMIS, prestigieuse école de cinéma. Elle y est directrice du département "décoration".
"Une femme au cœur de l’illusion" de Tibo Pinsard révèle l’envers du décor d’une femme aussi précise et minutieuse que chaleureuse.