Lors du CE du groupe Chapitre, ce vendredi 31 janvier, trois enveloppes ont été ouvertes pour la librairie de Grenoble. Elles correspondent à trois repreneurs potentiels: une papeterie, un éditeur et la mystérieuse repreneuse citée jeudi, Muriel Bignon.
Selon des syndicalistes présents au CE, les repreneurs potentiels d'Arthaud seraient donc trois. Il y aurait une enseigne de papeterie (Buro+) qui ne serait intéressée que par la partie... papeterie du site. La maison d'édition "rue des écoles" serait aussi dans les starting blocks, elle est spécialisée dans les ouvrages scolaires. Enfin, il y aurait le dossier soutenu par Muriel Bignon. Le Tribunal de commerce de Paris rendra sa décision le 10 février.
Alors que le CE se déroulait à Paris, Muriel Bignon a poussé la porte de la librairie, pour présenter son projet. Un passage que tous les salariés n'ont pas jugé opportun. La candidate étant soutenue par un représentant de la CGT, que certains accusent d'avoir fait capoter la reprise par l'actuel directeur, cette "apparition" n'a pas forcément été bien vécue.
Reportage Xavier Schmitt et Franck Ceroni
Mon projet de reprise s'appuie sur l'équipe des libraires, la fidélité des Grenoblois"
Muriel Bignon travaille depuis 20 ans avec les libraires d'Arthaud, en tant que représentante d'Interforum. Elle se dit "très attachée à ce lieu et à ses salariés", et justifie ainsi son engagement. "Ce lieu est magique (...) Je connais bien cette librairie et les libraires qui y travaillent. Je les ai vus conseiller, guider et partager leur amour des livres dans toutes les circonstances, même les plus difficiles. Depuis la première annonce de fermeture, en avril 2013, ils ont multiplié les initiatives intelligentes, créatives et positives pour sauver leur librairie, sans jamais baisser les bras. Mon projet de reprise s'appuie sur l'équipe des libraires, la fidélité des Grenoblois." Des propos dignes d'une politique en campagne. Mais qui se cache derrière cette "obstinée" qui a monté son dossier en 15 jours?
De 1990 à 1992, avant de représenter les maisons d'Edition, Muriel Bignon explique avoir dirigé deux librairies dans la région toulousaine.
Comment imagine-t-elle la reprise?
"Le fonds de commerce sera acquis par la SAS "Librairie Arthaud" constituée à cet effet", explique Muriel Bignon, "le nouveau dispositif de l'ADELC (Association de développement pour les librairies de création) et du CNL (Centre national du livre) va me permettre d'obtenir des prêts à taux 0 sur 10 ans, pour financer le rachat et la reconstitution du stock de la librairie. Un emprunt bancaire et une subvention de la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) compléteront le financement pour plus de 800.000 euros."
Pour redémarrer l'activité, Muriel Bignon estime avoir besoin "de fonds supplémentaires", "pour rénover les espaces de ventes et redonner du souffle à la librairie, qui a été quelque peu délaissée ces trois dernières années par ses actionnaires." Elle estime le budget nécessaire à 120.000 voire 150.000 euros, pour "réaffirmer l’identité de la librairie redevenue indépendante, la rénovation d'un étage qui deviendra un lieu de manifestations culturelles et la création d'un nouvel espace dédié à la montagne, au régionalisme et au tourisme pour renouer avec la spécificité de la librairie Arthaud."
Pour cela, la potentielle repreneuse fait appel au financement participatif, via la plateforme Ulule.