Dario Hartvig, pâtissier dans le Piémont, restera dans l'histoire comme celui qui a réalisé les deux panettones les plus chers du monde. L'un a été acheté 500 000 euros par un joaillier russe. L'autre, pour un industriel du textile indien, a battu tous les records : 700 000 euros. Un travail à base de feuille d'or, sous une pluie de diamants.
"Depuis que je fais ce métier, j'ai toujours utilisé des ingrédients de qualité optimale. Ces deux panettones-là sont les mêmes que ceux vendus chaque jour, en ce moment, dans ma boutique", souligne d'emblée Dario Hartvig.
Si le parallèle est certainement incontestable en ce qui concerne les ingrédients utilisés dans leur recette, pour ce qui est de leur prix, les deux panettones dont parle le pâtissier sont très loin d'être accessibles à tous les convives qui fêteront bientôt Noël autour de la planète.
Levure, beurre, sucre... et un énorme quelque chose en plus
Pour le propriétaire de la "pasticceria del Borgo" de Carmagnola, une petite bourgade au sud de Turin dans le Piémont, tout a commencé il y a 10 ans. Par une "petite" commande de 80 000 euros. Celle d'un magnat russe rencontré quelques mois plus tôt par le maître pâtissier piémontais en Sardaigne.
"Il m'avait alors demandé de lui faire un tiramisu. Il l'a visiblement apprécié puisque tout est parti de là", s'amuse Dario Hartvig. Pour le confectionner, outre les ingrédients habituels de son fameux panettone - beurre, farine, levure mère, œufs, sucre, vanille de Madagascar... -, son désormais fidèle client demande à Dario de couvrir sa pâtisserie de quelques menus bijoux.
À nouveau séduit, le milliardaire russe s'empresse de renouveler quelques mois plus tard sa commande : "Le même s'il vous plaît, mais alors... version grand luxe !" Outre l'ajout de marrons glacés, cette seconde commande fait admirer à sa base l'assemblage de six bracelets de diamants, envoyés par les soins du joaillier russe lui-même.
Des commandes retirées dans la plus grande discrétion
À 500 000 euros le panettone, inutile d'espérer voir ce client attendre sagement en file indienne à la caisse pour payer l'addition. "Ce type de clients vient évidemment chercher sa commande en dehors des heures d'ouverture du magasin. C'est à 4 heures du matin que mon client russe a envoyé sa personne de confiance retirer son panettone. Pour mon client indien, c'était tard le soir. À chaque livraison, c'est toute une histoire".
C'est que la publicité faite autour du panettone à 500 000 euros a fait venir d'autres clients fortunés jusqu'à la pâtisserie de Carmagnola. Et comme les records sont faits pour être battus, un milliardaire du textile indien n'a pas tardé à faire encore monter les enchères.
"Son panettone était lui aussi recouvert d'une feuille d'or, de plusieurs bracelets de diamants de différentes tailles et valeurs. Mais, en plus, il était orné d'une tiare en or blanc et diamants", explique tout naturellement Dario.
Côté ingrédients, du safran, des épices, du chocolat grand cru d'Equateur et quelques écailles d'or alimentaire pour une addition de 700 000 euros. Record battu ! Et une mariée, nièce du magnat indien du textile, certainement comblée.
Bien sûr qu'à côté de ces fortunes, il y a des gens qui crèvent de faim. Nous, les gens normaux, on ne calcule pas comme ces milliardaires, on n'évolue pas dans le même monde. Même si j'avais une fortune pareille, je ne pense pas que je la dépenserais dans des panettones. Mais quand on me propose des commandes comme celles-là, pourquoi je les refuserais ?
Dario Hartvig, pâtissier à Carmagnola
Le panettone des riches
Deux panettones pour milliardaires qui ont assis la renommée de Dario sur ce marché de niche, comme disent les économistes. Car pour ceux qui veulent imiter les magnats russes ou indiens, Dario peut réaliser sur commande des panettones artisanaux d'un kilo, recouverts d'or alimentaire et de bijoux de cristal, au prix de 800 euros.
"Plus communément, les panettones les plus chers que je vende oscillent à des prix variant de 700 à 1 000 euros", confie Dario. Mais ne croyez pas que leurs acquéreurs soient tous russes, indiens ou émirs du pétrole. "J'ai eu un client français, l'an dernier, qui m'en a commandé un pour 800 euros. Cette année, c'était un Italien. Enfin, c'est vrai qu'ils habitaient tous les deux Monaco."