Toute la région Auvergne-Rhône-Alpes était concernée, en avril 2021. Un épisode redoutable de gel a en partie détruit les vignobles -et aussi les fruitiers- de l'Ardèche à la Savoie, en passant par le Rhône ou l'Allier. Des scientifiques ont établi un lien direct avec le déréglement climatique.
La probabilité d'un épisode de gel tardif comme celui qui a ravagé plusieurs vignobles français début avril a été nettement renforcée par le changement climatique et le sera encore plus à l'avenir, ont averti ce mardi 15 juin des scientifiques.
"Probablement la plus grande catastrophe agronomique de ce début de XXIe siècle" pour le ministre français de l'Agriculture Julien Denormandie, ces gelées ont causé la perte estimée d'un tiers de la production viticole française. Soit environ deux milliards d'euros de chiffre d'affaire pour la filière, selon le syndicat agricole FNSEA.
Des scientifiques du réseau international World Weather Attribution, qui s'est fait une spécialité d'analyser le lien possible entre un événement météo extrême précis et le réchauffement, ont planché sur cet épisode, qui avait suivi une période de grande douceur ayant favorisé le bourgeonnement des cultures, ainsi rendues plus vulnérables au gel.
Ils ont analysé les données d'une zone couvrant notamment les vignobles de Bourgogne, Champagne et de la vallée de la Loire, passées également au crible de plus d'une centaine de modélisations climatiques.
60% d'augmentation de risques de revivre cet épisode climatique chaque année
Résultat: le changement climatique a "augmenté d'environ 60%" la probabilité qu'un tel événement survienne en période de bourgeonnement, explique Robert Vautard, directeur de l'Institut Pierre et Simon Laplace de recherche en sciences de l'environnement, un des auteurs de l'étude.
Un changement lourd de conséquences sur le plan économique
Et le phénomène risque de "s'amplifier dans le futur", puisqu'un réchauffement de 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, soit l'objectif de réchauffement maximal de l'accord de Paris qui semble pour l'instant hors de portée, verrait "encore 40% d'augmentation de la probabilité de ce type d'événement", souligne le scientifique.
Une probabilité dont les conséquences peuvent peser lourd, comme le souligne Markus Reichstein du Max Planck Institute allemand, un desauteurs de l'étude. "Cela pourrait être essentiel d'un point de vue économique. Il y a la question de ce que feront les assureurs... Pour certains ça pourrait être une question existentielle".