METEO. Gel dans le vignoble de Saint-Pourçain (Allier) : « une catastrophe » pour les viticulteurs

Le thermomètre est descendu très bas dans la nuit de mercredi à jeudi 8 avril en Auvergne. Dans l’Allier, les producteurs de Saint-Pourçain sont résignés et constatent les dégâts causés par le gel dans leur vignoble.

Dans la nuit de mercredi à jeudi 8 avril, le mercure est descendu très bas en Auvergne. Une prévisionniste de Météo France indique : «  Le thermomètre s’est abaissé jusqu’à - 6,6°C à Vichy-Charmeil et à Montluçon, -5,2°C à Aulnat, -7,2°C à Issoire, -8,1°C à Ambert, -7,4°C au Puy-Chadrac, -4,6°C à Aurillac, -7,9°C à Saint-Flour. C’est sur la Margeride et la région sanfloraine que l’on a relevé les températures les plus basses : - 11,6°C à Thoras en Haute-Loire, - 11,1°C à Saugues en Haute-Loire et à Coltines dans le Cantal, avec record de froid mensuel battu pour un mois d'avril ».

Cette nuit du 7 avril figure parmi les plus froides sur la période 1947-2021

Elle ajoute : « Ces premiers jours d’avril ont été marqués en Europe de l’Ouest par une descente d’air arctique. Celui-ci a plongé directement depuis le nord-est du Groenland pour s’engouffrer en mer de Norvège puis mer du Nord lundi. La masse d'air arctique a gagné du terrain vers le sud et les éclaircies nocturnes ont favorisé les gelées sur une grande partie de l'hexagone. Avec une valeur de -0,4 °C de température minimale, en moyenne nationale, cette nuit du 7 avril figure parmi les plus froides sur la période 1947-2021 ».

Des viticulteurs touchés

Ces températures très basses ne font pas les affaires des viticulteurs du vignoble de Saint-Pourçain dans l’Allier. Le gel a attaqué les bourgeons. Jean-Michel Ferrier, président du Syndicat des viticulteurs de Saint-Pourçain, explique : « La température est descendue très bas. Déjà à minuit, il y avait -1 degré. A 5 heures du matin, il y avait -4,5 degrés et -6 degrés à 7 heures. C’était cuit. Les bourgeons ont brûlé. Les bourgeons qui étaient dans le coton avaient de l’humidité autour d’eux et à cette température ça gèle. C’est encore trop tôt pour savoir si tout est compromis. Il y avait des bourgeons qui n’étaient pas encore partis. On peut espérer que ceux-ci n’ont pas été touchés par le gel. Mais je suis incapable de vous le dire aujourd’hui. Il va falloir attendre la sortie des bourgeons pour savoir si les raisins ont avorté ou pas. On le saura courant avril ». Sur Twitter, il écrit : "-4,5 degrés...sentiment d'impuissance".
 

On devrait voir cet après-midi les bourgeons desséchés

Même constat amer chez Corinne Laurent, viticultrice à Saulcet, dans l’Allier : « Le gel est descendu encore plus bas que les deux dernières nuits. Tout ce qui avait pu résister les deux précédentes nuits a gelé. Pour l’instant, il est encore tôt pour voir les résultats sur les bourgeons car c’est le soleil qui va finir de cuire les bourgeons qui ont gelé. On devrait voir cet après-midi les bourgeons desséchés. C’est mort. Le thermomètre est descendu jusqu’à -5,5 degrés. C’est la catastrophe. C’est comme si vous travailliez toute l’année et que n’aviez pas de salaire au bout ».

Peu de solutions

Cette vague de froid était annoncée et les viticulteurs de Saint-Pourçain n’avaient pas vraiment de remparts pour protéger leurs vignes. Jean-Michel Ferrier souligne : « A ce niveau-là, il n’y a pas grand-chose à faire. Notre vignoble est tellement dispersé sur une bande de 20 km que la lutte est très compliquée. Pour être efficace, il faut vraiment que la lutte soit concentrée. On n’avait pas de vent ce matin donc il est très difficile d’avoir une vague de fumée qui se disperse. Une partie du vignoble avait déjà gelé hier matin, dans la partie nord ». Corinne Laurent précise : « Les solutions mécaniques coûtent très cher et on n’a pas la valorisation nécessaire, pour les éoliennes ou pour les bougies. Les bougies coûtent en gros 10 euros l’unité et avec ce niveau de températures, il vous en faut 500 à l’hectare, donc vous imaginez le coût. De plus, ce n’est pas efficace à 100 %, surtout quand la température descend aussi bas. On peut aussi travailler dans les vignes, ne pas attacher les baguettes, différer les travaux. Malheureusement, quand on arrive à ces niveaux de température, il n’y a plus grand-chose. Mais si des contre bourgeons vont sortir derrière, ils vont faire de la végétation mais il n’y aura pas de raisin. La récolte sera très faible ».
 

La question des assurances

Pour les viticulteurs, se pose alors le problème des assurances. Jean-Michel Ferrier confie : « Les viticulteurs sont résignés. Il y a un peu de tristesse. Même si quelques-uns sont assurés, les assurances ne vont couvrir qu’une partie car les franchises sont importantes. Quand vous n’avez pas de vin à vendre, vous perdez votre clientèle. Certains négociants vont aller acheter du vin ailleurs. C’est une vraie catastrophe. On ne se remet pas d’une perte de clientèle et d’une perte de vin. Tout cela est accentué par le COVID depuis plus d’un an, avec une perte d’activité très sensible. Ca va devenir très compliqué pour certains car les exploitations n’ont pas de trésorerie d’avance ». Corinne Laurent partage cet avis. Elle n’était pas assurée contre le gel : « Le problème de l’assurance est surtout d’avoir du vin pour nos clients. Une assurance paie les charges et les factures mais ça ne donne pas de vin. On essaie plutôt d’adapter nos méthodes de culture pour protéger le vignoble. On devient fataliste. On a eu des gels très importants en 2017 et on avait fait des feux pour pas grand résultat. Malheureusement on se résigne et on savait que la nuit serait très froide. On commence à avoir l’habitude, entre les gels, les grêles, les sécheresses. Les aléas climatiques font partie du métier mais c’est usant à force. Cette année, on est sur tous les fronts pour essayer de vendre du vin malgré le contexte et la fermeture des restaurants. Mais on a ça en plus ». Ce gel intervient au plus mauvais moment pour ces viticulteurs déjà frappés par la crise sanitaire.

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