Cette ville de l'est lyonnais a vu son taux d'abstention atteindre les 75 % dimanche dernier, pour le premier tour des élections régionales. Un taux qui, dans certains bureaux de vote, a été de... 87 %.
Certes la ville de l'est lyonnais n'est pas la seule dans ce cas à avoir des bureaux de vote où la participation peine à dépasser les 15 %. Mais ici, sur l'ensemble de la ville, l'abstention est record : 75 %, le plus fort taux dans l'Hexagone.
En dépit des millions d'euros injectés par la politique de la ville, la commune souffre. Elle a le plus fort taux de bénéficiaires du RSA de l'agglomération, le
plus fort taux de chômage des jeunes, le plus bas niveau de qualification également. "Là où les gens ont le moins voté, c'est là où le renouvellement urbain a été réalisé, souligne la députée-maire PS de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy. Avant d'ajouter que face à ce constat accablant, "ça montre que cela ne suffit pas, il faut associer et impliquer les habitants dans la vie publique. "
"Cela ne suffit pas, il faut associer et impliquer les habitants dans la vie publique !"
Hélène Geoffroy, députée-maire PS de Vaulx-en-Velin.
C'est bien ce dont sont convaincus les militants du Collectif des Quartiers Populaires de Rhône-Alpes / Auvergne. Face à cette situation où une part importante de la population "ne veut pas voter par "acte politique", explique Pierre Didier Tchétché-Apea, fondateur du collectif, ils tentent d'alerter les têtes de réseaux qui, à leur tour, essaient de persuader les gens d'aller mettre un bulletin dans l'urne. Jeudi dernier, comme le 29 novembre, dans une salle de réunion d'un hôtel vaudais, des colistiers des deux listes Queyranne et Wauquiez sont venus débattre devant un parterre de responsables associatifs de tous les départements.
Pour Pierre-Didier Tchétché-Apea, spécialiste de la cohésion sociale et qui a passé sa jeunesse à Vaulx-en-Velin, le fait que les gens n'aillent pas voter ne traduit pas un désintérêt pour la politique. Ces taux d'abstention régulièrement élevés révèlent "le décalage d'une part importante de la population avec les enjeux électoraux". Pour expliquer la désaffection civique en banlieue, il évoque un "accompagnement des citoyens infantilisant et paternaliste, reposant sur un électorat acquis à la gauche. "
Selon lui, les gens ont de plus en plus de mal à faire la différence entre gauche et droite. Exemple parmi d'autres : les fonds publics dont bénéficient les entreprises ne se traduisent pas en termes de création d'emplois.
"Les classes populaires ne sont pas représentées ", estime Abdel Delli, membre du Collectif à Vaulx-en-Velin. " Alors ils ne voient pas à quoi cela peut servir d'aller voter, même s'il y a de nombreuses listes au premier tour." L'offre politique ne correspond pas aux attentes des habitants. Ainsi, en matière de rénovation urbaine, Abdel Delli fait constater que les gros chantiers ont surtout concerné le centre-ville et pas les quartiers."Les élus sont souvent éloignés des problèmes du quotidien
Pierre-Didier Tchéché-Apea, fondateur du Collectif des Quartiers populaires
" En n'allant pas voter, le message est celui de la révolte ", fait observer Pierre-Didier Tchétché-Apea. Qui pense plus que jamais nécessaire et incontournable de faire autrement.