Sa présence, en ce début de printemps, inquiète tout particulièrement les apiculteurs. Depuis 2007, le frelon colonise les Alpes et le nombre de nids est 4, voire 5 fois plus important chaque année. Alors des communes installent des pièges, pour les neutraliser, comme à Vétraz-Monthoux
A l'heure de ses premières visites de printemps, Didier Mouchet l'apiculteur est très inquiet cette année encore pour ses ruches, en raison de la présence avérée dans les environs, du frelon asiatique.
Le prédateur s'est installé dans les Alpes depuis 2007, et ne cesse de coloniser le territoire, au point que le nombre de nids est chaque année, selon les récentes statistiques, 4 fois plus important en moyenne, en Haute-Savoie, 5 fois plus en Rhône-Alpes
Les dégâts qu'il cause aux ruches, à la production de miel sont dévastateurs et son "mode opératoire" pour s'en prendre aux abeilles fait froid dans le dos, à écouter le récit de Didier Mouchet : " Quand un frelon arrive, il se met en vol stationnaire au-dessus de la ruche, s'attaque à l'abeille à l'entrée ou à sa sortie, il l'embarque ensuite sur une branche, puis la décortique, lui arrache la tête, les membres, et n'emporte que l'abdomen, où se trouvent les muscles des ailes, car ce qui l'intéresse, ce sont les protéines..."
En deux mots, une mort atroce pour les abeilles qui dès la première attaque, quand leur ruche a été repérée et assaillie " ne sortent plus du tout, subissent un immense stress, n'ont plus de nourriture ni d'eau, et meurent...tôt ou tard" se désole Didier.
Quand il ne ravage pas les ruches, l'insecte s'en prend...aux humains : " Leur piqure est terrible, d'autant que c'est l'essain tout entier qui risque de vous attaquer, et leur venin est très violent, on peut en mourir" avertit Christine Mouchet, adjointe municipale déléguée à l'environnement, qui ce mercredi 3 février est venue superviser l'installation des pièges dans le parc de la commune, largement fréquenté par des enfants et leurs parents.
Le principe? Il est relativement simple : à l'intérieur de grosses boites rouges, un appât attire le frelon qui n'a qu'à emprunter le passage d'un petit cône pour se retrouver...coincé. L'entrée du cône est calibrée, à la taille du frelon, 3 centimètres de diamètre.
Des pièges efficaces, qu'il faut toutefois préparer et utiliser avec précautions, met en garde France Gave, Présidente du Groupement sanitaire apicole de Haute-Savoie : "Il ne faut pas que ces pièges, destinés à une espèce particulière, aient un impact négatif pour les autres. Un bon piège sélectif se mesure à la taille de l'entrée, à la qualité de l'appât, et au fait qu'il permet de garder l'insecte en vie" affirme-t-elle.
Sur son site, le groupement sanitaire alerte les apiculteurs et les particuliers contre les vélléités de piégeage sauvage :"Ces pièges doivent être sous surveillance et les insectes non-cibles relâchés aussi vite que possible. La durée du piégeage sera limitée dans le temps, au printemps".
Et l'argument suivant est imparable : " N’oublions pas que les insectes non cibles piégés au printemps sont les reproducteurs qui donneront naissance à des populations d’insectes indispensables aux équilibres biologiques et susceptibles d’être, à leur tour, chassés par le frelon asiatique.(...) Cela "diluera" un peu la pression sur les ruchers. En l’absence de proies, le frelon asiatique s’attaquera uniquement aux ruchers situés dans sa zone de chasse".