Les apiculteurs de l'Isère en ordre de bataille contre le frelon asiatique. Arrivé en France en 2006, l'insecte a désormais colonisé la plupart des régions. Comment le reconnaître, comment s'en protéger, une conférence de presse était organisée à Grenoble ce lundi 15 avril 2019.
En Isère, comme ailleurs, les frelons asiatiques déciment les ruches et rien ne semble pouvoir arrêter leur prolifération. Ce lundi 15 avril 2019 à Grenoble, les apiculteurs ont présenté leur plan de lutte contre l'insecte qui menace leur activité.
37 nids en 2018
Vespa velutina, c'est son nom. Originaire du nord de l'Inde et de l'Asie, il est arrivé en France en 2005... et n'est jamais reparti ! Pire, il colonise inexorablement depuis l'ensemble de nos régions : présent dans 2 départements en 2005, 13 en 2006, il avait envahi 80 % du territoire en 2016 puis 100 % du territoire à partir de 2018.
En Isère, le frelon asiatique est arrivé dès 2015 par le nord du département. Les premiers nids ont été signalés à Roussillon et Pont-en-Royans, puis du côté de Vienne, de Bourgoin, de Tullins ou encore de Voiron. Le nombre de nids retrouvés est passé de 2 en 2015 à 4 en 2016, 1 seul en 2017 puis 37 en 2018 ! Selon GDSA 38, le groupement de défense sanitaire apicole qui présentait son plan de lutte ce lundi 15 avril, c'est désormais 100 % du territoire de l'Isère qui est envahi et une "mobilisation de tous les acteurs est désormais vitale".
En Savoie, l'insecte est également présent. Un "énorme" nid avait ainsi été découvert en octobre dernier.
L'ennemi public numéro 1
Thorax brun, fines bandes jaunes sur l'abdomen, tête noire, face orangée, pattes jaunes, entre 25 et 35 millimètres de long, voilà une description de celui qui est devenu en quelques années l'ennemi public n°1 des apiculteurs.
Mais attention, Vespa Velutina ne doit absolument pas être confondu avec son cousin européen Vespa Crabro ! Si l'un est un redoutable prédateur pour les abeilles, l'autre est sans danger pour les ruches. Mieux, il est même utile pour la biodiversité et il est ainsi protégé en Allemagne.
Pourquoi une telle progression du frelon asiatique sous nos latitudes ? Pour le Groupement de défense sanitaire apicole (GDSA), il y a plusieurs raisons parmi lesquelles "un environnement climatique favorable, peu de prédateurs ou encore une nourriture abondante".
Les ruches, véritable "garde-manger"
Comment expliquer cette mobilisation des apiculteurs ? D'abord parce que le frelon asiatique peut-être dangereux pour l'homme. Les accidents se multiplient, comme en septembre dernier quand 6 enfants avaient été piqués dans l'Oise rappellent nos confrères de France 3 Île-de-France. Aucun n'avait été heureusement sérieusement blessé.
Mais ce sont les abeilles les principales victimes. Très agressif, le frelon asiatique a fait des abeilles son mets de prédilection, et peut ainsi décimer des ruches entières. Contrairement au frelon européen, il projette son venin à distance. Après avoir arraché les pattes et les ailes, il broie le thorax de sa victime pour en faire une boulette très nutritive et riche en protéines pour nourrir ses propres larves. Il a été classé en 2012 "danger sanitaire" de niveau 2 sur une échelle qui en compte 3.
Le département de l'Isère compte environ 2000 apiculteurs professionnels et amateurs et beaucoup sont inquiets. Toujours selon GDSA, le frelon asiatique serait désormais responsable de 38 % de la mortalité des abeilles dans les ruches des amateurs et 18 % chez les apiculteurs de métier.
Une éradication impossible
Pour les apiculteurs du GDSA, l'éradication du frelon asiatique est "désormais impossible" en Isère. Une "lutte ciblée" doit cependant être entreprise pour "réduire et limiter son expansion".
Si les apiculteurs se battent désormais contre l'envahisseur, ils appellent au soutien des collectivités locales et territoriales qui, selon les régions, proposent déjà des aides financières pour détruire les nids. Ainsi dans la Manche, le département a fait de la lutte contre le frelon asiatique une priorité depuis 2016 et il aide les victimes à s'en débarasser.
Et si vous tombez nez-à-nez avec un nid ? Surtout, n'y touchez pas vous même. Il faut dans tous les cas faire appel à un désinsectiseur professionnel, seul habilité à attaquer les nids. La destruction systématique est la méthode préconisée par le Groupement de défense sanitaire apicole. Objectif : limiter le nombre de futurs nids en agissant surtout entre les mois d'avril et octobre, avant la naissance des "fondatrices", ces "reines" qui vont assurer la prolifération de l'espèce.
Si vous voulez en savoir plus sur les frelons asiatiques, le site internet frelons-asiatiques.fr propose une cartograhie des régions les plus touchées et donne toutes les informations sur les démarches à suivre si vous trouvez un nid.