Un loup mis à mort par des patous dans la Réserve des Hauts-Plateaux du Vercors (Drôme)

Des chiens "voués à la surveillance des troupeaux" ont mis à mort un loup en septembre dernier sur les Hauts-Plateaux du Vercors. Il s'agirait du second cas en France "ayant impliqué des chiens de protection". Des chiens pourtant souvent décriés pour leur efficacité relative.


C'était le 15 septembre, en pleine journée, sur l'alpage du Jardin du Roy. Trois chiens de protection, César, berger d'Anatolie, Soldat et Sam, deux patous des Pyrénées, se battent avec un loup jusqu'à la mort du prédateur. Le loup s'est approché du troupeau de moutons défendu par les chiens.

Le combat dure trente minutes, selon les bergères, qui ont assisté à la scène. Il a eu lieu dans la Réserve Naturelle Nationale des Hauts-plateaux du Vercors, la plus grande de France métropolitaine. Les trois chiens auraient mis à mort le loup en le mordant à la gorge, selon plusieurs témoignages. 

Sur une photo prise par un garde de la réserve, on découvre un loup mâle, d'environ 30 kilos, âgé entre 2 et 3 ans, l'âge auquel les loups sont rejetés par la meute pour aller conquérir leur propre territoire. Les analyses (radioscopie, autopsie, toxicologie) ont révélé un animal très affaibli. Il est possible qu'il se soit battu avec d'autres loups avant d'affronter les chiens de protection. 
 


Tout tir sur le loup est strictement interdit dans cette Réserve naturelle. L'efficacité des chiens qui surveillent les troupeaux y est encore plus cruciale qu'ailleurs.

"Ils minimisent les attaques", souligne Serge Roman, éleveur de moutons dans le Vaucluse, et propriétaire du troupeau en estive au Jardin du Roy, sur la commune de Treschenu-Creyers (Drôme). "Sans les chiens, ce serait une véritable catastrophe, un carnage permanent" ajoute-t-il. Serge Roman mène ses brebis sur les Hauts-Plateaux depuis 1984, avant même la création de la Réserve. 

Dans les Réserves naturelles, l'Etat finance à 100% l'achat et l'entretien des patous. Pour Serge Roman, sur ces alpages fréquentés par les loups "c'est désormais impossible de se passer des chiens !"


Le reportage de Jean-Christophe PAIN, Cédric LEPOITTEVIN, avec  Azedine KEBABTI : 
 

Les chiens minimisent les attaques des loups sur la Réserve


Cet été 2018, les gardes de la Réserve ont officiellement constaté 23 attaques de loup contre les troupeaux de moutons. Soit une trentaine de victimes (sans compter les bêtes disparues) sur les 16 000 brebis en estive sur les Hauts-plateaux du Vercors. Les chiffres des attaques sont fluctuants d'une année sur l'autre, mais depuis 5 ans, ils ont tendance à baisser, selon Brice Palhec, garde-référent pastoralisme de la Réserve, ancien berger lui-même.

En 2016, la Direction Régionale de l'Environnement (DREAL) d'Auvergne-Rhône-Alpes a recensé au total 346 victimes indemnisées dans la Drôme, 517 en Isère, 1312 en Savoie, 50 en Haute-Savoie.

En 2017, 430 victimes indemnisées dans la Drôme, 594 en Isère, 1567 en Savoie, 111 en Haute-Savoie.

En 2018, 397 victimes indemnisées dans la Drôme, 480 en Isère, 1395 en Savoie, 194 en Haute-Savoie.

Ces chiffres sont arrêtés au 30 septembre de chaque année. La DREAL souligne qu'ils ne correspondent pas exactement aux dommages à la date indiquée, compte tenu des délais liés à la réalisation, la transmission et l'instruction.des constats.


8 loups de plus à prélever d'ici la fin de l'année


Selon la DREAL, le décès de ce loup est le second cas "ayant impliqué des chiens de protection" en France cette année. 

Avec 39 loups tués par tirs autorisés, et 4 autres braconnés, le plafond de prélèvement fixé par le Plan national loup est d'ores et déjà atteint pour toute l'année 2018 (chiffres du 19 octobre). Cette limite vient d'être relevée : 8 loups supplémentaires pourront donc être prélevées jusqu'au 31 décembre, sur un effectif global estimé à 430 individus en France.

   

Tous les loups tués ne sont pas décomptés du plafond 


Les associations de protection des animaux sauvages, FERUS et ASPAS, déplorent que les morts de loup "par accident", ne soient pas comptabilisées dans ces calculs. Jusqu'au 19 octobre, la DREAL a en effet recensé, en plus des tirs autorisés et des braconnages, 12 morts de loups suite à collision routière, et 5 morts "pour une cause indéterminée" (dont 3 en Isère).

 

 

 
 

Infographie : Aurélien Danérol, Jules Laval, Xavier Demarquay.
 




 
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