Ils étaient près de 3000 spectateurs sur l'hippodrome d'Aix-les-Bains (Savoie), dimanche 4 août. Des habitués des courses de chevaux pour la plupart, mais beaucoup de curieux aussi, venus assister à des courses de dromadaires.
"Des courses de dromadaires, j'en avais déjà vues à Dubaï" ... "Moi, ça me rappelle mes vacances en Tunisie"... Ces quelques réactions glanées dans le public de l'hippodrome de la cité thermale savoyarde en attestent. Il soufflait comme un air de sirocco, dimanche 4 août sur le grand anneau des courses à Aix-les-Bains.
Les vedettes du jour, c'est devant les boxes, traditionnellement réservés aux chevaux qu'il fallait aller pour les approcher. Dès la fin de matinée, un public nombreux s'y pressait. Pour admirer, photographier surtout, ces fameux "vaisseaux du désert", dans leur version "méhari", autrement dit : des dromadaires de monte.
"Il n'écoute pas comme un cheval"
"C'est important de bien attacher la selle, à l'avant mais surtout à l'arrière, vu que c'est là que l'on s'assied", explique Alice Canet, une monitrice d'équitation. Deux jours seulement qu'elle chevauche, si l'on peut dire, sa nouvelle monture venue du désert.
"La grosse différence avec le cheval, c'est la taille des foulées", ajoute sa collègue Lilou Meynet, elle aussi en pleine découverte de la monte de dromadaire. "Leurs foulées étant beaucoup plus grandes, ça fait un grand mouvement de balancier, ça secoue beaucoup aussi. Alors que la position du cavalier est très différente : là, on est assise avec les jambes bien en avant...C'est perturbant les dix premières minutes, mais après ça va tout seul !"
Pour ce qui est du caractère de la monture, en revanche, les avis des apprenties "bédouins" sont plus partagés. "C'est vraiment un animal très attachant, très cool ", juge Alice. "Il n'est pas très actif... Plutôt mou, comme on dit", estime Lilou.
"Quand on est dessus, il n'écoute pas comme un cheval. On le dirige approximativement... On freine quand il en a envie, on accélère quand il le veut. Les dromadaires ne sont pas codés comme des chevaux, mais ils sont tout aussi gentils au final".
Une star du désert
Une nonchalance des grands déserts pas forcément aisée à importer dans les reliefs accidentés des Alpes françaises. Et pourtant, quelle vedette ce dromadaire ! Du Sahara à l' Arabie saoudite : un vrai prophète en son pays en matière de performances sportives.
C'est qu'il court depuis la nuit des temps, notre vaisseau du désert. Tiré du Grec ancien, son nom ne veut-il pas dire "chameau qui court" ? Et vite, par-dessus le marché : il a été chronométré jusqu'à 70 km/h dans certaines courses au Moyen-Orient.
Un circuit de courses en France ?
"Aujourd'hui on n’est pas ici pour la performance", explique Olivier Philipponneau, un éleveur de dromadaires venu de Picardie. "Mais dans les pays sahariens, en Australie, à Dubaï, c'est un sport qui a le mérite d'exister. Alors, pourquoi ne pas avoir une équipe de France dans cette discipline ?"
D'autant que la France a déjà sa cheffe de file en matière de courses de dromadaires. En la personne d'une jeune Charentaise de 31 ans. Installée à Dubaï depuis 6 ans, elle y défraie la chronique "hippique" régulièrement.
"Pour développer un circuit de courses en France, il faudrait 2000 à 2500 dromadaires au moins," précise encore l'éleveur. "Pour l'instant, on en est qu'à 1000 à 1500, répartis dans les zoos, les cirques ou les parcs animaliers. Mais cela ne nous empêche pas de mettre en place, petit à petit, un réseau pour que la course de dromadaire devienne un sport à part entière".
Un sport encore en quête de reconnaissance. Et qui sera peut-être aidé par l'avancée des déserts causés par le réchauffement climatique ? Espérons, quand même, avoir encore quelques décennies avant que les dunes ne recouvrent le vert tapi de l'hippodrome d'Aix-les-bains.