Des chercheuses et des ingénieures se sont rendues ce jeudi dans un collège isérois de Villefontaine pour sensibiliser les jeunes filles aux carrières scientifiques et technologiques, des filières dans lesquelles les femmes sont encore largement sous-représentées.
Les filles sont majoritaires dans l'enseignement supérieur. Pourtant, elles restent très peu nombreuses sur les bancs des écoles d'ingénieurs (un quart des effectifs) ou dans les filières scientifiques et technologiques. Une inéquation que l'éducation nationale et des associations tentent de résoudre en faisant la promotion auprès des jeunes filles des métiers de l'industrie, du numérique et de la recherche.
"Je pense qu'il y a beaucoup de stéréotypes et de clichés qui autocensurent les jeunes filles dans leurs études", témoigne Marie-Hélène Chatelain, qui travaille au sein de la filiale distribution d'EDF. Ce jeudi, elle a participé à une rencontre avec une classe du collège René Cassin de Villefontaine (Isère) pour partager son expérience en tant qu'ingénieure, désormais évoluant dans les ressources humaines, dans le cadre de l'événement FIRST : Femmes et Ingénieures, Réussir en Sciences et Technologies.
Battre en brèche les stéréotypes
"Il faut avoir une grosse tête pour y arriver", "ce n'est pas féminin" font partie des a priori qu'elle s'évertue à déconstruire pour encourager les filles à choisir la voie scientifique.
"C'est un problème de confiance en elles. Moi je vais leur expliquer que je n'ai pas été très bonne en maths à un moment donné dans ma scolarité, ça ne m'a pas empêché d'arriver à avoir un diplôme d'ingénieur", renchérit Marie-Hélène Chatelain.
Dans les filières scientifiques ou numériques, les filles sont très minoritaires. En 2020, elles ne représentent que 13% des élèves à avoir choisi "sciences de l'ingénieur" comme enseignement de spécialité en terminale, 13% également des lycéens ayant opté pour "numérique et sciences de l'informatique".
"Nous avons besoin de vos talents"
Le besoin de susciter des vocations dès le plus jeune âge semble donc crucial pour ouvrir les horizons scientifiques des jeunes filles.
"L’industrie est toujours synonyme d’innovation et elle offre de nombreuses perspectives en termes d’évolution comme de mobilité, notamment pour les femmes", assure l'Union des Professeurs de Sciences et Techniques Industrielles (UPSTI), à l'origine de cette journée de sensibilisation.
Et pour renforcer l'incitation, l'UPSTI a même obtenu le témoignage d'une femme de poids : Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance, chargée de l'Industrie, qui dit avoir fait de la sous-représentation des femmes dans l'Industrie "son combat personnel".
La ministre évoque son parcours personnel, expliquant qu'"on peut être femme, mère de trois enfants, avoir une carrière dans la haute fonction publique, dirigeante d'entreprise et être ministre chargée de l'industrie". Agnès Pannier-Runacher invite les jeunes filles à s'inspirer des parcours de grandes scientifiques comme Marie Curie, et surtout à se faire confiance. "Si vous êtes intéressées par les sujets scientifiques et technologiques, vous avez déjà toutes les qualités nécessaires. Car avec du travail et de la détermination, vous y arriverez. Nous avons besoin de vos talents", conclut-elle dans cette vidéo enregistrée dans le cadre de l'opération FIRST.
Découvrir des femmes, leurs métiers et s'en inspirer
L'UPSTI mise donc sur la valeur d'exemple de ces ambassadrices pour permettre aux collégiennes et aux lycéennes de s'identifier à ces profils scientifiques.
Une autre association baptisée "Elles bougent", propose également des portraits de femmes en ligne, comme ici Ekaterina, ingénieure de données, un métier qui recrute.
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Publiée par Elles bougent sur Mardi 2 février 2021
Combattre le sexisme dans les entreprises
Reste que l'éducation ne peut être le seul ressort d'une plus grande féminisation des métiers scientifiques et technologiques. Les clichés doivent également être battus en brèche au sein des entreprises.
"Ce sont des résistances très déguisées", témoigne Iris Degaine, elle aussi venue susciter des vocations à Villefontaine. "J'ai jamais eu à faire à un sexisme ouvert ou violent. C'est toujours très subtil et très présent, souvent caché sous le prétexte de la productivité et de l'excellence", explique cette ingénieure en génie civil. "Cela veut dire être obligée d'être là : ne pas être en congé maternité, ne pas être malade, ne pas rentrer chez soi parce qu'il y a quelque chose avec les enfants. Et effectivement, je me suis rendue compte que j'étais la seule femme sur mon poste. Tous les autres étaient des hommes".
Un travail de fond sur les constructions genrées des métiers est donc à opérer pour que les mentalités évoluent et fassent tomber progressivement les barrières. En France, un ingénieur sur cinq seulement est une femme.