Le 6 février dernier, les vents du Sahara ont charrié dans l'air sur toute la France, du sable qui a coloré de sépia tous les paysages. Un 2ème épisode est intervenu, qui s'est achevé ce mardi 23 février. Moins spectaculaire, moins visible à l'oeil nu, il a un impact sur la neige et l'environnement
Souvenez-vous, c'était le 6 février dernier, les vents du Sahara ont charrié dans l'air pendant quelques jours et sur toute la France, du sable qui a coloré de sépia tous les paysages, de quoi ébahir et réjouir tous les amateurs ou professionnels, friands de clichés insolites et magiques, couleur sépia, garantis "sans trucage".
Un deuxième épisode est intervenu, qui vient de se terminer ce mardi 23 février. Moins spectaculaire, et moins visible à l'oeil nu ou à travers un cliché photo. Il n'empêche, même en petite quantité, le sable du désert a un impact sur l'évolution de la neige et par ricochet pour les espèces végétales.
Au Col de Porte en Isère, Marie Dumont étudie et analyse ce phénomène à la loupe depuis cinq hivers consécutifs : "Ce type d'événement a lieu chaque année, sans toujours beaucoup de retentissement auprès du grand public, parce qu'il n'est pas toujours aussi directement perceptible que cette année à l'oeil nu. Or nous, nous le "voyons" avec nos instruments".
La directrice du Centre d'Etudes de la neige chaque jour prélève un échantillon de la neige qui se trouve au pas de sa porte. Elle l'analysera plus attentivement au microscope, mais on peut d'ores et déjà y "lire" les strates de couleur qui se sont accumulées, et ces derniers jours font apparaître un petit liseret jaune : " Vous voyez, même en faible quantité, le sable apparaît, il s'est déposé comme ici sur tous les massifs et va donner un coup de chaud au manteau neigeux"
"C'est comme porter un t-shirt noir, en plein soleil"
Colorée, la neige va absorber plus facilement l'énergie du soleil et fondre de façon trop précoce.: "C'est comme porter un t-Shirt noir plutôt que blanc en plein soleil "explique Marie Dumont qui poursuit " la neige va fondre plus tôt, il y en aura moins au printemps, et qui dit moins de neige au printemps, dit moins d'eau disponible pour les barrages, pour l'agriculture, ou pour les espèces végétales qui en ont besoin pour leur croissance à cette saison-là..."
Selon les récentes études menées par le Centre National de Recherches Météorologiques, en collaboration avec ses homoloques russes, la répétition accélérée des vents de sables du désert ont raccourci en 2018 la période d'enneigement de 40 jours dans le Caucase.
Alors ces épisodes ont-ils un impact pour la santé? "En suspens dans l'air, celles qui ne se déposent pas sont des particules infimes, de la taille de 10 microns ou moins, peuvent être irritantes pour les bronches, même si elles sont d'origine naturelle" indique Nicolas Vigier, responsable de l' unité prévisions ATMO Aura.
Alors que l'épisode sablonneux s'achève, les trois départements des Alpes du Nord viennent d'être placées ce mercredi 24 février en vigilance orange.