La vie entre Hautes-Alpes et Isère sans le tunnel du Chambon

Les Hauts-Alpins sont les premières victimes de la fermeture du tunnel du Chambon. Depuis le 10 avril, le village de La Grave est coupé du monde et ses habitants qui travaillent en Isère ont utilisé tour à tour la navette lacustre, leurs pieds et maintenant l'hélicoptère.   

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Ce mardi 7 juillet au matin, Céline Pic a pris l'hélicoptère pour aller bosser. Pas commun. La jeune femme vit à La Grave et travaille dans une agence immobilière des Deux-Alpes (Isère). Pour une fois, elle sera peut-être à l'heure! Ce n'est pas arrivé depuis des mois. Normalement elle doit ouvrir l'agence à 7h30, mais comme son trajet domicile-travail est plus qu'incertain elle est parfois arrivée avec plus deux heures de retard, avant que sa patronne lui propose de l'héberger. 

Comme elle, 70 habitants des Hautes-Alpes se sont inscrits pour profiter de ce pont aérien entre La Grave et Mizoën (notre photo à gauche). Bonne nouvelle, si les premières rotations sont réglées par le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d'Azur, l'Etat a décidé de mettre la main au portefeuille pour prolonger l'opération d'un mois. Le temps que la montagne, qui porte le tunnel, tombe enfin dans le lac. 

Ce qui l'inquiète Céline, c'est aussi l'activité de son époux. A La Grave, ce garagiste ne voit plus grand monde depuis que le tunnel a fermé. 

Reportage Joëlle Ceroni et Dominique Bourget

Les touristes ne viennent plus  

Rues désertes, terrasses de cafés vides, chiffres d'affaires des commerces en chute libre. Le village craint pour son avenir après trois mois de fermeture de sa principale voie d'accès.

Attablés à la terrasse de l'hôtel-bar-restaurant Le Castillan, Marc et ses trois employés scrutent désespérément les rares passages de voitures, en quête d'un éventuel client. "Le midi, on fait 70% de perte sur le restaurant", dit-il, résigné.

Face aux magnifiques glaciers de La Meije, le petit bourg de 500 âmes, classé parmi les plus beaux villages de France, affiche une tranquillité exceptionnelle pour la saison. D'ordinaire, la route qui le traverse, reliant Grenoble à Briançon, voit passer plusieurs milliers de touristes par jour: vacanciers en partance pour l'Italie, cyclistes venus s'attaquer aux cols de la région ou encore Grenoblois en quête d'air frais. C'est elle qui fait vivre la plupart des commerçants du village. "Mais aujourd'hui, pas une glace, pas un café, pas une bière. Il n'y a personne", se lamente Brigitte Pelletier, au comptoir du Café des glaciers.

Depuis trois mois, les journaux ne sont plus livrés, les commerçants ambulants ont déserté le marché et le pain, qui était confectionné aux Deux Alpes, doit être acheminé de Briançon, à 40 kilomètres de là.

Une croix sur la saison d'été

Les épreuves cyclistes de l'été (La Marmotte, le Brevet du randonneur des Alpes) ont déserté la région. Jusqu'au Tour de France, qui a dû modifier son étape Modane-L'Alpe d'Huez, faisant perdre des milliers d'euros aux hôteliers de la vallée. "Une semaine de réservations sont parties en fumée", se désole Sabine Bonnabel, qui tient l'hôtel des Glaciers au col du Lautaret.

"On nous a coupé une artère, on est en train de suffoquer. On demande un pontage mais on nous le refuse", commente Frédéric Jullliard, qui craint de ne pas passer l'hiver avec son magasin de sports. Pour la saison d'été, "on s'est fait une raison: on a fait une croix dessus. Ce qui nous inquiète, c'est cet hiver", abonde Brigitte Pelletier.

Station prisée par les skieurs grenoblois, amateurs d'espaces vierges, La Grave sera en effet à plus de 4 heures de Grenoble, après la fermeture hivernale du col du Galibier. De quoi dissuader même les plus grands amateurs de poudreuse.

"On en a ras-la-patate", s'énerve Roland Jacob, adjoint au maire de La Grave. "Il n'y a pas de plan B si on ne peut pas réparer ce tunnel". Dépités, certains suggèrent même de vider le lac pour retrouver la route qui existait avant la construction du barrage, il y a 80 ans.
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