Comme partout en France, les agriculteurs de l'Isère se sont mobilisés, ce mardi 24 juin, pour dire leur colère contre "l'accumulation des contraintes qui leur sont imposées" autour de l'utilisation des pesticides. Une délégation a été reçue en sous-préfecture, à Vienne.
Selon la FNSEA, le syndicat majoritaire qui avait appelé à la mobilisation, 15.000 agriculteurs ont participé à diverses actions dans 85 départements. Ils sont "en guerre" contre l'accumulation de "contraintes" accusées d'entraver leur travail, alors que la loi d'avenir sur l'agriculture revient cette semaine à l'Assemblée nationale.
A Vienne, le mouvement n'avait pas programmé d'action coup de poing. Une délégation, représentant tous les exploitants du département, a fait le siège de la sous-préfecture, pour y être reçue et déposer ses doléances.
Dans sa ligne de mire notamment, le projet d'interdiction des épandages de pesticides à moins de 200 mètres des écoles et autres lieux "sensibles", mais aussi le traité de libre-échange en discussion avec les Etats-Unis, accusé de menacer le modèle alimentaire français.
Alerter les parlementaires
La Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles de l'Isère a rédigé une lettre à l'intention des députés, après le projet de restriction des épandages de pesticides, la "goutte d'eau qui a fait déborder le vase"."Interdire la culture sur des milliers d'hectares est inacceptable et menace tout un pan de l'économie, sous la pression de la médiatisation plutôt que par raisonnement", s'insurgent les signataires, des céréaliers, mais aussi des nuciculteurs et des maraîchers.
Reportage de Grégory Lespinasse et Didier Albrand
Le ministre de l'Agriculture a de nouveau tenté dans l'après-midi de rassurer, soulignant qu'il n'avait jamais été question d'interdire l'usage des pesticides "200 mètres autour de toutes les habitations". "Nous allons travailler, pour la loi d'avenir, sur une solution qui permettra d'avoir un système de protection, tels que des haies par exemple. Si ces protections ne sont pas mises en oeuvre, nous devrons réfléchir à la question de la distance vis-à-vis des écoles, crèches et maisons de retraite", a détaillé Stéphane Le Foll.
L'argument n'a pas convaincu les agriculteurs qui ne veulent pas entendre parler de "distances imposées". Ils demandent purement et simplement que le gouvernement dépose un amendement pour exclure cette question du projet de loi. Le texte est examiné en commission à l'Assemblée nationale cette semaine. Il passera ensuite en seconde lecture dans l'hémicycle les 7 et 8 juillet prochains.