Le festival de la Chaise-Dieu souffle ses 50 bougies en choeur

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Pour fêter dignement ses 50 ans, le festival de la Chaise-Dieu a invité 3 ensembles qui avaient eux aussi un anniversaire à fêter. Parmi eux, l'ensemble Akadêmia de Françoise Lasserre et la Grande Ecurie et la Chambre du Roy de Jean-Claude Malgoire, qui ont partagé leurs souvenirs de festival.

Un demi-siècle, ça se fête, et dans la joie s'il vous-plaît ! C'est en tous cas ce qu'a souhaité faire le Festival de la Chaise-Dieu en invitant 2 chefs devenus au fil des années des piliers de ce festival à raconter leurs souvenirs, leurs émotions, mais aussi leurs regrets et leurs espoirs. Françoise Lasserre et Jean-Claude Malgoire, dont les ensembles fêtent respectivement leurs 30 et 50 ans, ont répondu avec plaisir à l'invitation. Et c'est dans une bonne humeur communicative, sous la houlette du journaliste Jean-Paul Vincent, que chacun a pu se souvenir de ces années de partage. 

En commençant par le tout premier festival de Françoise Lasserre, au début des années 1980, suite à une invitation de Guy Ramona. Elle dirigeait alors un choeur amateur dans le village-vacances du Vernet-la-Varenne, et répétait pas moins de 10h par jour pour être à la hauteur de l'invitation. Puis c'est la première fois avec son ensemble Akadêmia. "J'espère qu'on a beaucoup progressé depuis ! Le premier concert a capella dans la Chapelle des Pénitents, ce n'était vraiment pas évident !" se souvient-elle dans un sourire.

Jean-Claude Malgoire, lui aussi,
se souvient des couacs de plus ou moins grande ampleur. Et en particulier de celui de 1978. "Vous vous souvenez, n’est-ce pas, Guy ?", plaisante-t-il en jetant un clin d’œil à Guy Ramona, présent dans la salle. "C’était lors du concert où l’on présentait le Concerto de Haendel, très difficile mais qui s’était très bien passé. Puis venaient les Variations sur une jeune-fillette. Cela ne m’inquiétait pas trop, puisque ça avait été très facile en studio d’enregistrement et très facile à préparer. Et effectivement, la 1ère variation, tout va bien, la 2e et la 3e aussi. Puis arrive la 4e. Je commence à 4 temps, et la moitié de l’orchestre me suit, alors que l’autre joue à 2 temps. Je m’arrête et nous recommençons une fois, deux fois, trois fois. A la quatrième enfin, ça commence bien ! Je regarde alors ceux qui ne jouent pas dans l’orchestre et qui sont en train de pouffer de rire. Moi, à ce moment précis, je rêve de me cacher, voire même de m’ensevelir ! Quand enfin arrive l’entracte, je croise Guy Ramona, qui est alors directeur du festival et qui me dit, très digne : "Vous avez le public dans votre poche !" Je n’ai jamais su si c’était du 1er ou du 2d degré !"

Puis les souvenirs s'enchaînent. Comme ce concert qui les réunissait tous les deux, un dimanche après-midi pour le Requiem de Mozart. "C'était la première fois qu'on le jouait sur instruments originaux, avec les phrasés de l'époque, comme il a pu être joué au moment où il a été écrit, explique Jean-Claude Malgoire. On l'a joué trois fois. C'était une très grande émotion, car l'oeuvre est vraiment d'une très grande maîtrise. C'est la première fois que le public l'entendait comme ça. Et je me souviens d'un journaliste de Lyon qui avait titré le lendemain, à propos de ce concert : "Un requiem comme ça : Non ! Non ! Et non !""

Et un dernier souvenir de Jean-Claude Malgoire au sein de l'abbatiale Saint-Robert, pour la Messe à 4 choeurs de Marc-Antoine Charpentier. "Pour jouer l'oeuvre, nous avions 4 orchestres et 4 choeurs aux quatre coins de l'abbatiale. Odile était à l'orgue et moi, au milieu de l'abbatiale. Quand je voulais lui parler, je criais : "Odile ! Téléphone !". A la fin, dès que je m'arrêtais, le choeur criait : "Odile ! Téléphone !" Aujourd'hui, les choses seraient plus simples !"

Mais le festival a 50 ans, et en un demi-siècle, les choses évoluent, parfois pour le meilleur, parfois pas. Pour ceux qui ont connu les débuts du festival, il est bien fini le temps béni où il était possible d'arriver bien avant le concert, de s'installer et de répéter plusieurs jours dans le lieu. Aujourd'hui, l'urgence gagne aussi les artistes et les musiciens, même s'il faut que la musique n'en pâtisse pas.

Ma 1e tournée en Amérique latine avec la Grande Ecurie a duré 7 semaines. Aujourd'hui, c'est plutôt 7 jours. Jean-Claude Malgoire, chef d'orchestre.


Même constat pour Françoise Lasserre, pour qui travailler tout le temps dans l'urgence n'est pas très bénéfique. "Parfois, nos équipes changent, et on a besoin de s'écouter. Pas seulement musicalement, mais aussi sur nos envies, nos désirs, nos projets. Sans compter que l'urgence laisse aussi moins de place pour la découverte de nouveaux répertoires. Cela demande du temps, de l'expérimentation, et c'est dommage !"

Enfin, à la question de leurs espoirs pour les 50 années à venir, les deux chefs pourraient répondre d'une seule voix : se battre pour un vrai budget culturel et pour de vrais choix courageux qui remettraient la culture au centre de la vie de chacun. C'est à ce moment là que Gérard Roche, président du Festival assis dans la salle, a rappelé à l'auditoire l'une des fameuses phrases de Churchill, à qui l'on proposait de couper dans le budget de la culture pour aider l’effort de guerre. Il répondit tout simplement : "Mais alors, pourquoi nous battons-nous ?"

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