Alors que la France entre dans sa quatrième semaine de confinement, le nombre d'hospitalisations liées au coronavirus ralentit au CHU de Grenoble. Des chiffres encourageants qui ne doivent pas faire oublier les mesures sanitaires en vigueur contre le Covid-19.
Sans crier victoire trop vite, la situation semble se stabiliser au CHU Grenoble-Alpes. Le nombre de malades du coronavirus hospitalisés se stabilise, et les décès n'augmentent pas de manière significative.
"On arrive sur le plateau, il n'y a plus d'accélération du nombre d'hospitalisations", analyse le professeur Olivier Epaulard, infectiologue au centre hospitalier grenoblois, ajoutant qu'il y a eu en moyenne "cinq entrées par jour" entre le samedi 4 et le dimanche 5 avril. Un ralentissement rendu possible "grâce au confinement", selon l'infectiologue. "On commence à percevoir les résultats des mesures mises en place il y a deux semaines".
Au lundi 6 avril, 81 personnes sont hospitalisées au CHU de Grenoble dont 47 en réanimation ou soins critiques. "Il y a toujours des nouveaux cas, mais aussi des personnes qui rentrent à domicile", souligne le service communication de l'hôpital. En clair, "il n'est pas possible à ce stade de tirer des significations particulières ou définitives (à partir de ces chiffres) sur la suite de l’épidémie".
"Maintenir les efforts"
Peut-on dès lors envisager une sortie du confinement ? Pas encore, insiste le Pr Epaulard : "Il faut continuer pour ne pas risquer de deuxième vague". Si le nombre de nouveaux cas a cessé de progresser, ces résultats sont fragiles et une rupture anticipée du confinement pourrait les mettre en péril.
"Les chiffres sont rassurants, il fait beau, c'est les vacances, mais il faut maintenir les efforts pour arriver à un résultat perenne", ajoute-t-on au service communication du CHU. Le début des vacances scolaires de la zone C, incluant notamment l'Île-de-France, a provoqué une vague de verbalisations pour non-respect du confinement.
Il fait beau, les oiseaux chantent MAIS la communauté hospitalière @CHU_Grenoble continue d’être fortement mobilisée contre l’épidémie de #COVID19. Préservez leur travail et protégez les plus vulnérables en restant chez vous, merci ? #RestezChezVous pic.twitter.com/FviczFUDn4
— CHU Grenoble Alpes (@CHU_Grenoble) April 3, 2020
La Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) en rapporte 48 sur le seul département de l'Isère. Et quelques maires de stations alpines ont noté "une augmentation sensible" de la population de leur commune sur le week-end. Un "petit relâchement" à proscrire pour venir à bout de l'épidémie.
Si un nouvel afflux de malades venait à se produire, "le CHU Grenoble-Alpes et les établissements de santé du territoire sont toujours en mesure de poursuivre l’augmentation des capacités d’accueil en soins critiques". Un tiers des lits de réanimation sont encore disponibles à ce jour.
2 900 malades hospitalisés en Auvergne-Rhône-Alpes
La période de confinement, prolongée déjà une fois, est prévue pour s'achever le 15 avril. Mais une extension semble probable. Le Premier ministre Edouard Philippe avait déjà indiqué que la fin du confinement ne se ferait sans doute pas "en une fois, partout et pour tout le monde". Le chef du gouvernement avait affirmé que "plusieurs équipes" travaillaient sur cette question "en étudiant l’opportunité, la faisabilité d’un déconfinement qui serait régionalisé, qui serait sujet à une politique de tests, en fonction, qui sait, de classes d’âge."
Dans l'hypothèse d'une fin de confinement par région, l'Auvergne-Rhône-Alpes pourrait faire partie "de la deuxième vague" où ces mesures seraient levées, estime le Pr Olivier Epaulard. Avec plus de 2 900 personnes atteintes du coronavirus hospitalisées au 5 avril, la région fait figure des plus touchées de France, derrière l'Île-de-France et le Grand-Est où la situation se stabilise également.
Malgré de "petits signaux de ralentissement" dans les principaux foyers du Covid-19 en France, et "quels que soient le résultat dans quelques jours, il faut maintenir l'effort collectif de confinement, des gestes barrière", a plaidé sur BFMTV le patron de l'Inserm Gilles Bloch.