Fabien Clain, dont la voix a été identifiée par les enquêteurs sur une revendication audio des attaques de Paris par l'État islamique, est un vieux routier du jihadisme français, pilier de la mouvance toulousaine des Merah. L'homme de 37 ans a passé une partie de son enfance dans l'Orne.
Les services de renseignement ont identifié sa voix sur le message de revendications des attentats de Paris par l'Etat Islamique, un message dans lequel Fabien Clain glorifie les kamikazes de Paris, "soldats du califat" qui ont "pris pour cible la capitale des abominations et de la perversion". Si sa voix a pu être identifiée, c'est que l'homme de 37 ans, d'origine réunionnaise, évolue depuis longtemps dans la mouvance djihadiste française. Converti à l'islam durant les années 90, il se serait radicalisé au début des années 2000, au sein d'un groupe de prières dans la région de Toulouse.
Dénommé "frère Omar" dans le milieu islamiste, exerce un ascendant intellectuel certain sur le groupe. Notamment auprès de deux frères, Abdelkader et Mohamed Merah, et d'un de leurs intimes, Sabri Essid. Fabien Clain a été condamné en juillet 2009 par la justice à 5 ans de priso, pour avoir organisé une filière d'envoi de combattants vers l'Irak.
Il sort de prison au moment où Mohamed Merah perpétue ses tueries à Toulouse et Montauban, en mars 2012. Mais les deux hommes ont correspondu par courrier durant les périodes de détention de Mohamed Merah dans des dossiers de droit commun comme pendant les années de prison de Clain. Ce dernier se désolidarisera publiquement des crimes du tueur au scooter et à sa libération, il ne s'installe pas à Toulouse.
C'est en Normandie, qu'il a alors trouvé refuge. Nos confrères de Tendance-Ouest affirment même qu'il se serait installé à Alençon et qu'il aurait ouvert en février 2013 "un commerce de détail de livres". Cette même année, au mois de mars, il décide d'attaquer France Télévisisons en diffamation suite à la diffusion d'un reportage de Pièces à conviction le présentant comme un proche de Mohamed Merah. A nos confrères de 20 minutes, il déclare que son épouse alençonnaise a peur. "On est dans une petite ville. On sent tous les regards sur nous. Alors que je voulais juste refaire ma vie tranquillement…»
Le choix de s'installer à Alençon s'explique par le fait que Fabien Clain y a passé une partie de son enfance. Il a notamment été scolarisé à l'école primaire Robert Desnos, au collège Racine ainsi qu'au lycée professionnel Mézen. Il aurait quitté la France avec sa famille pour la Syrie probablement en 2014.
Reportage de Pierre-Marie Puaud, Suzana Nevenkic et Mathias Soares
Nos collègues de Réunion 1ère ont pu rencontrer uneproche de Fabien Clain. Sous le choc, elle dit avoir peur pour ses enfants: "entendre que c'est peut-être un membre de sa famille qui l'a fait, il faut pouvoir digérer l'information, savoir comment réagir face à ses enfants et pouvoir vivre avec".