Amiante : Martine Aubry sera entendue mardi par la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy

Martine Aubry sera entendue au titre de la fonction de Directrice des relations du travail (DRT) au ministère du travail, qu'elle a occupé entre 1984 et 1987. La juge pourrait prononcer sa mise en examen pour homicides involontaires dans le cadre du drame de l'amiante

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Martine Aubry est convoquée mardi chez la juge d'instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy, juge chargée du dossier amiante au Pôle santé publique du tribunal d'instance de Paris. Cellle ci pourrait la mettre en examen pour homicides involontaires dans une des enquêtes sur le drame de l'amiante, pour des faits remontant à plus de 25 ans. L'ancienne patronne du Parti socialiste, qui estime avoir durant toute sa carrière oeuvré à la protection des salariés et de la population, a déjà fait savoir qu'elle demanderait à la chambre de l'instruction d'annuler sa mise en examen, qu'elle juge "incompréhensible".

Interrogée par les policiers en janvier 2010, la maire de Lille avait expliqué que jusqu'en 1994, elle était convaincue que les décrets de 1977 et 1987 permettaient de protéger efficacement la santé des salariés. "Aucune alerte n'est venue de la CNAM, du ministère de la Santé, d'autres acteurs
ou des chercheurs pour nous dire que ce n'était pas le cas", avait-elle plaidé.

A Vitry en Charolais, des dizaines de victimes de l'amiante


Lors d'une enquête diffusée en septembre 1997, à l'occasion du premier procès fait à Eternit à Mâcon, devant le tribunal des affaires de sécuriré sociale (TASS), nous avions pourtant pu filmer de nombreuses injonctions, rappels et mises en demeure envoyées par la CRAM de Bourgogne à la société Eternit, basée à Vitry en Charolais (71). Et ce dès 1979 et tout au long des années 80. Les salariés de cette entreprise qui fabriqait des panneaux d'amiante ciment ont payé un lourd tribu à l'amiante puisqu'on  y dénombre pas moins de 130 décès dus au mésothélyome, le cancer de l'amiante.
Récemment une délégation du CAPER  Bourgogne (Comité Amiante Prévenir et Réparer) avait assisté à Turin au verdict du procès de deux hauts responsables européens du groupe Eternit, condamnés tous deux à 16 ans de prison ferme.
On avait pu alors établir un parallèle entre l'exemple italien, où la justice pénale est passée et a fait son travail, et le cas français.
En France, durant de longues années, l'enquête de Mme Bertella-Geffroy a été en butte à l'obstruction du Parquet qui a multiplié les obstacles à la progression de l'instruction.
Nous avions d'ailleurs rencontré à Paris Mme Bertella-Geffroy, pour une interview le 25 mars 2011, au cours de laquelle elle s'était montrée plutôt découragée, quoique décidée, nous avait-elle dit, à aller jusqu'au bout dans cette affaire, par égard pour les innombrables victimes de l'amiante.

En décembre 2011, les 6 mises en examen qu'elle avait déjà prononcées dans le cadre de son enquête avaient été annulées par la Chambre d'instruction de la Cour d'Appel de Paris, avant que la Cour de Cassation casse cette annulation, remettant du coup en selle l'infatigable instruction de la "juge de l'amiante".

Utilisée massivement en particulier dans le secteur de la construction, l'amiante est jugée responsable de 10 à 20% des cancers du poumon et pourrait provoquer 100.000 décès d'ici à 2025, selon les autorités sanitaires.
Le caractère cancérogène de l'amiante est connu depuis les années 50 mais le premier décret réglementant son usage en France ne date que de 1977 et son interdiction de 1997. En 2005, un rapport sénatorial avait accablé l'Etat pour sa "gestion défaillante" de l'amiante.


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