L'hebdomadaire publie le compte rendu confidentiel de l'entretien entre patron du guide rouge de l'époque et Bernard Loiseau. Les critiques l'avertissaient du "manque d'âme" de sa cuisine.
Le 24 février 2003, Bernard Loiseau se suicidait à son domicile à Saulieu. Dès le lendemain de sa mort, des grands cuisiniers évoquaient déjà la responsabilité des critiques gastronomiques dans ce passage à l'acte. Dix ans après, L'Express révèle une note confidentielle signée de la main de Derek Brown, alors le patron du guide Michelin. Cette note reprend la teneur d'une entrevue qu'il a eue avec Bernard et Dominique Loiseau le 6 novembre 2002.Ce document reprend les critiques faites au célèbre chef, en l'occurrence "Irrégularité, manque d'âme, de caractère récente [sic] dans sa cuisine". Il fait également état du courrier des lecteurs, "très mitigé en termes de qualité". Derek Brown conclut sa note par cette formule : "Visiblement "shocké" [sic], [Bernard Loiseau] l'a pris au sérieux." Et effectivement, deux jours plus tard, l'épouse de Bernard Loiseau adresse une lettre au guide Michelin dans laquelle elle écrit "nous avons bien compris votre avertissement et, dorénavant, tout est mis en oeuvre pour redresser au plus vite la barre."
Dans l'article, Derek Brown se défend de toute pression. Il affirme: "nous n'avions aucun problème de fond avec Bernard Loiseau, juste des points de détail, comme la température d'une soupe." Au moment de son suicide, Bernard Loiseau venait d'apprendre qu'il conservait sa troisième étoile. Mais il ne cessait de répéter à tous ses proches que perdre un macaron signifiait faire une croix sur 40% de son chiffre d'affaire. Un scénario qu'il ne pouvait se permettre. Ces dernières années, il avait énormément investi jusqu'à bâtir un petit empire. Il avait réalisé d'importants travaux dans la partie hôtelière de son établissement de Saulieu. De plus, il avait ouvert trois bistrots à Paris. Il avait même fait introduire son groupe en Bourse.
La fille de Bernard Loiseau, Bérangère Loiseau, a déclaré sur Tweeter : "On a utilisé Bernard Loiseau dans un règlement de compte avec le guide Michelin 10 ans après son décès."