Le frère dominicain est sorti de l'ombre au moment du conflit Lip mais dès les années 60, il s'était engagé auprès des jeunes en difficultés avec son ami éducateur Roger Gauthier. Nous l'avons rencontré et nous publions également la lettre des Lip à Jean Raguenès.
La lettre des Lip lue lors de l'enterrement de Jean Raguenes à Sao Paulo au Brésil
JEAN,
C'est un témoignage à écouter avec attention. Roger Gauthier raconte sa rencontre avec l'homme de foi, lui qui était marxiste. L'éducateur, aujourd'hui âgé de 80 ans, partageait avec son ami Jean Raguenès ce goût de l'engagement envers les parias de la société. Pendant le conflit Lip, c'est même lui que Jean Raguenès ( à l'origine du comité d'action des Lip) appelle au téléphone en pleine nuit pour lui demander de cacher le trésor de guerre des Lip. Les 65 000 montres seront abritées dans le grenier avant d'être réparties un peu partout dans la région.
Plus tard, Roger Gauthier poursuit son action en animant la structure GARE BTT chargée d'aider à la réinsertion des prisonniers ayant effectué de longues peines.
Le témoignage a été recueilli par Pascal Schnaebele et Fabienne Lemoing.
Tes amis de LIP BESANCON sont dans la douleur.
Nous nous rappelons le chemin parcouru ensemble.
Tu travaillais dans un coin de l’usine, comme ouvrier de la plus basse catégorie. Nous t’avions à peine remarqué…
Nous ne savions rien de toi.
Puis nous t’avons connu un peu avant le grand conflit.
Tu bousculais déjà nos habitudes, tu demandais à élargir le groupe syndical, l’étendre aux ouvriers, ouvrières pour être informé, puis réfléchir ensemble.
Enfin dès l’éclatement de ce long conflit, tu as dépensé sans compter, ton énergie, ta générosité, ton intelligence.
Tu étais, comme tu le disais, « un aiguillon. »
Tu savais, toi, que dans chaque personne il y a un trésor, des valeurs remarquables insoupçonnées..tu cherchais inlassablement à les faire éclore.
Tu ne parlais jamais de ta foi, mais elle transparaissait dans toute ta personne.
Tu as un peu trop malmené ton corps, tu y faisais si peu attention…
Jean, le temps que nous avons passé ensemble est inoubliable.
Et puis un jour tu es parti pour le Brésil, aider modestement à monter des coopératives avec les « sans Torres »
Nous vivions ce nouveau combat à travers tes lettres.
Ta venue parmi nous pour la présentation de ton livre « de Mai 68 à Lip » a été un très bon moment..
Tes rares et courtes visites à tes amis de Besançon étaient toujours très appréciées..
Merci ,Jean pour ton passage, nous ne t’oublierons pas..
Repose en paix…
Tes amis de LIP