L'Autorité de la concurrence a infligé une amende de 4 millions d'euros au groupe viticole Castel Frères pour ne l'avoir pas informée en 2011 de son rachat de la maison Patriarche en Bourgogne.
Six sociétés de Patriarche rachetées en catimini
"L'Autorité de la concurrence sanctionne Castel Frères, au travers de sa maison mère Copagef, pour ne pas avoir notifié, avant sa réalisation, le rachat de sociétés du groupe Patriarche", indique dans un communiqué le gendarme de la concurrence, qui avait avalisé l'opération.L'institution avait autorisé, en juillet 2012, ce rachat réalisé un an plus tôt, malgré la position déjà "conséquente" de Castel sur le marché des vins de grande consommation, mais s'était à l'époque réservée un droit de sanction.
Le géant du vin français avait racheté six sociétés de Patriarche en mai 2011, sans le signaler. L'Autorité estime aujourd'hui que le groupe bordelais "s'est exonéré consciemment" de l'obligation de notification qui s'applique à ce genre d'opérations et ne l'a pas saisi dans les règles. "La réalisation de l'opération a été portée à la connaissance de l'Autorité par un tiers", souligne-t-elle.
Castel a commis "un manquement grave"
En ne déclarant pas son rachat, Castel a commis "un manquement grave" qui "fait obstacle au contrôle des concentrations", estime le gardien de la concurrence. "L'infraction reprochée au groupe Castel est d'autant moins justifiable qu'elle s'explique par une démarche dont l'unique objectif était la réalisation rapide de la concentration", ajoute-t-il.Castel a été créé en 1949 à Bordeaux par neuf frères et soeurs. La société est devenue le premier producteur de vins en France et en Europe, avec une présence dans plus de 130 pays dont la Chine et la Russie.
La maison Patriarche, créée en 1780, commercialise des appellations prestigieuses comme Montrachet, Meursault, Pommard, Nuits Saint-Georges, mais aussi des marques plus grand public comme Couvent des Visitandines (Bourgogne) et Pisse-Dru (Beaujolais). Le Château de Meursault et le Château de Marsannay avaient été exclus de la transaction avec Castel, ainsi que certains actifs situés à Beaune (Côte d'Or).