La seule femme armurière de France travaille à Autun

Pauline Zacharie, 29 ans, a connu un parcours semé d'embûches avant de prendre la tête d'une des plus grandes armureries de France à Autun (Saône-et-Loire) en 2011.

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Quand Pauline Zacharie raconte son parcours semé d'embûches, elle évoque sans détour les "douches froides" qui l'ont parfois découragée et le machisme qui, encore aujourd'hui, fait que des clients préfèrent être servis par ses collègues masculins.
 

Des attelles au poignet

Pratiquante du tir sportif à l'âge de 15 ans, la jeune femme blonde, à la silhouette fine et au regard bleu azur, se voit d'abord comme tireur d'élite jusqu'à ce qu'un rendez-vous avec un colonel freine ses ambitions en lui déconseillant de continuer dans cette voie. Surtout parce qu'elle est femme. Le "déclic" survient quand son père, chasseur, l'emmène à Saint-Etienne aux portes ouvertes du seul lycée de France à former aux métiers de l'armurerie. "Je vois l'arme comme un objet. On touche le fer, le bois: on peut faire beaucoup de créations", raconte la jeune femme. Son brevet des métiers d'arts armurerie en poche, celle qui fut major de sa promotion est "la seule à ne pas trouver de travail" à sa sortie d'école. "Je n'avais pas une réponse positive à mes candidatures, on me riait au nez", raconte-t-elle.

Pauline Zacharie finit par trouver un premier poste dans un atelier de fabrication, près de Saint-Etienne. "Physiquement, c'était difficile, je dormais avec des attelles au poignet droit. J'ai tenu le coup deux ans", ajoute-t-elle.
L'armurerie est un métier qui réclame "beaucoup de force pour serrer et manipuler" les pièces. Découragée, elle démissionne. Elle rencontre à cette époque son "père spirituel" Jean-Claude James, à la tête de l'une des plus grandes armureries de France à Autun (Saône-et-Loire), qui la prend sous son aile. "Il a toujours été avant-gardiste. Il m'a laissé carte blanche pour mes créations". Elle se lance alors dans la création d'une trilogie de fusils de collection sur le thème de la mythologie.

 

L'arme comme un bijou

Pour les manipuler, l'armurière enfile une paire de gants blancs. "Cassiopée" est incrusté de 102 pierres précieuses, diamants et saphirs; sur "Amazone", le pontet est orné d'un laçage d'un mètre vingt de fil d'or et "Calypso" est plaqué
de nacre. "Quand j'ai créé la trilogie, je voulais donner une autre vision de l'arme pour que cela plaise comme un bijou", explique-t-elle. Sa féminité se traduit, selon elle, dans les "finitions" et le "soin (qu'elle met) dans les petits détails". Son instinct féminin l'aide aussi à "capter la sensibilité du client" pour les
réglages.

Dans l'atelier où s'alignent des fusils par dizaines, Aurélien Joassin, armurier, observe que "quelques filles commencent à s'intéresser à l'armurerie depuis que Pauline a montré l'exemple". "Dans le milieu de la chasse qui est réservé aux hommes", le jeune homme reconnaît: "ça a dû être difficile pour elle avec certains clients". "Il y a 10% de récalcitrants. Ceux qui ne veulent pas (s'adresser à moi), je les taquine", relève l'armurière. La jeune femme positive : "C'est gratifiant d'être reconnue quand un client qui ne me voulait pas me redemande".

 

Un coup de jeune dans la profession

En 2011, Pauline a, à la fois, fondé une famille et pris la co-gérance de cette armurerie familiale, l'Armurerie James, fondée en 1824 et qui compte une dizaine de salariés. "Le soir où on m'a proposé la reprise de l'entreprise, j'accouchais", se rappelle-t'elle. Une période "difficile" durant laquelle elle a dû "passer de collègue à patronne". "Comme dans beaucoup de métiers, Pauline a dû avaler beaucoup de couleuvres", reconnaît Alain Robert, autre co-gérant du magasin, qui souligne que "la profession vieillit" et se félicite que "Pauline attire un réseau de jeunes".

 
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