C'est une première en France. La faculté de médecine de Dijon a créé un nouveau diplôme d'université (DU) sur l'adoption. Une formation pluridisciplinaire, qui aborde tous les aspects de l'adoption et qui s'adresse aux professionnels de l'enfance.
Derrière cette initiative de nouveau DU, un diplôme d'université intitulé "L'enfant adopté", il y a Jean-Vital de Monléon, pédiatre depuis 16 ans au CHU de Dijon. Il est membre du conseil supérieur de l'adoption, et dispense les cours de cette nouvelle formation, avec Julien Pierron, médecin généraliste à Marsannay-la-Côte (lui-même adopté). Ce diplôme s’adresse à ceux qui sont amenés à travailler avec des enfants adoptés, comme des médecins, des travailleurs sociaux, ou des instituteurs. Il s'agira d'évoquer la place de l’enfant adopté dans la société, mais aussi sa psychologie, et d'autres aspects spécifiques.
"En matière d'adoption, en France, nous sommes des nains"
Selon le pédiatre dijonnais Jean-Vital de Monléon, "en France, nous sommes des nains par rapport à l'adoption. La loi sur l'adoption, c'est 1923. La loi qui place l'enfant adopté sur un pied d'égalité avec l'enfant biologique, c'est 1966... Et par rapport à d'autres sociétés, comme la Polynésie par exemple, nous avons beaucoup à apprendre sur le sujet, et c'est la raison pour laquelle l'aspect culturel est bien développé dans cette formation".
Ce diplôme d'université est organisé en 4 modules de 2 jours répartis sur une année. Son approche pluridisciplinaire permet d'aborder l'adoption sous tous ses aspects. C'est une première en France, qui vient combler un manque. 15 étudiantes composent la première promotion.
Reportage au CHU de Dijon de Marianne Picoche et Daniel Waxin, avec les interviews de :
- Julien Pierron, médecin généraliste et formateur DU "L'enfant adopté"
- Jean-Vital de Montléon, pédiatre et anthropoloque et directeur du DU "L'enfant adopté"
- Céline Giraud, co-fondatrice de l'association "La voix des adoptés"
Jean-Vital de Monléon a 49 ans, il est marié et père de 5 enfants, dont 3 adoptés. Pédiatre au CHU de Dijon, il a fondé, en juin 1999, la Consultation d'Adoption Outremer, première consultation de France pour l'accueil et l'accompagnement pour les enfants adoptés, qui permet le suivi de plus de 2000 enfants. Chercheur en anthropologie, il s'est spécialisé dans les adoptions dans d'autres cultures et tout particulièrement aux Iles sous le Vent (Polynésie Française). Il anime également le blog de l'adoption.
Les chiffres clés de l'adoption en France
Le nombre de personnes qui font une demande pour adopter un enfant, après avoir presque doublé en 15 ans, tend à diminuer (-7 % entre 2009 et 2010). On compte aujourd’hui plus de 9 000 demandes par an. Environ 90 % des demandes sont déposées par un couple, et 90% des candidats à l’adoption ont entre 30 et 49 ans (source : ONED rapport "Situation des pupilles de l’Etat au 31/12/2010").En 2010 :
- 6 073 personnes ont obtenu l’agrément, alors que 9 060 personnes ont formulé une demande ; les autres ont renoncé à leur projet au cours de la procédure ou se sont vu opposer un refus.
- 24 702 candidats agréés étaient dans l’attente d’un enfant.
- Aujourd’hui, l’adoption internationale représente plus de 80% de l’adoption en France (soit 3 504 enfants adoptés à l’étranger). La France est le troisième état d’accueil d’enfants adoptés à l’étranger, après les Etats-Unis et l’Italie.
- Fin 2010, 2 347 enfants avaient le statut de pupille de l’État.
- 38% des pupilles étaient placés dans une famille en vue de leur adoption. Les enfants placés en vue de leur adoption sont très jeunes, en moyenne 2,8 ans et plus des 3/4 ont moins d’un an.
- Pour les deux tiers restant, aucun projet d’adoption n’est envisagé. Soit parce que des liens perdurent avec leur famille (4%), soit parce qu’ils ne sont pas prêts à être adoptés (11%), soit parce que leur situation actuelle est satisfaisante dans la famille d’accueil (11%), soit parce qu’aucune famille adoptive n’a été trouvée en raison de leurs caractéristiques (46%).
- Quand ils sont adoptés, les enfants plus âgés le sont principalement par les assistants familiaux qui en avaient préalablement la garde. Les enfants ayant un problème de santé ou de handicap sont le plus souvent adoptés par une famille agréée, candidate à l’adoption, d’un autre département.