Boussières, Mandeure, Audincourt... dans le Doubs. Au total, 20 communes de France ont pris à ce jour des arrêtés interdisant l'usage du pesticide. Le maire de Boussières refuse de retirer son arrêté et va être attaqué par l'Etat devant le tribunal administratif.
A Boussières dans le Doubs, le maire Bertrand Astric ne veut pas céder. Pas question de retirer l'arrêté envoyé le 17 juin dernier à la Préfecture du Doubs, un arrêté qui interdit totalement les pesticides sur le territoire de cette commune d'un millier d'habitants du Grand Besançon. La Préfecture lui avait donné jusqu'au 26 août pour retirer cet arrêté jugé illégal par les services de l'Etat.
La Préfecture du Doubs estime que la question de l'interdiction des pesticides relève de la compétente du ministère de l'agriculture et non des communes. Invité sur France Bleu Besançon, Bertrand Astric explique qu'il n'a pas l'intention de retirer son arrêté. "Ce ne sont pas les agriculteurs qui sont visés. Aucun n'a eu d'amendes. On veut que l'Etat clarifie la situation. Il faut que l'Etat prenne ses responsabilités... il y a un danger réel ou potentiel avec le glyphosate. A partir de ce moment, nous sommes tenus nous les maires de protéger nos populations" explique Bertrand Astric. Le maire qui est aussi apiculteur amateur est convaincu que le pesticide nuit à la santé de tous.
Depuis le 1er janvier 2019 en France, le glyphosate et les autres pesticides de synthèse sont interdits de vente et d'utilisation en France. L'interdiction concerne les particuliers, les collectivités locales qui ne peuvent ni acheter de glyphosate, ni en utiliser. La réglementation n'est pas la même pour les agriculteurs qui demandent du temps pour pouvoir se passer de cet herbicide très utilisé encore dans les champs.
La loi est mal faite estime le maire de Boussières
"La loi est mal faite" rétorque Bertrand Astric pour qui ce produit est toxique selon les doses. "On n'a plus le temps d'attendre" ajoute l'élu. "Soit le produit présente des risques pour tous, soit il n'en présente pas... La réglementation doit évoluer, il y a trop d'études qui mettent en avant la dangerosité de ce produit pour qu'on puisse considérer que les décisions prises puissent être maintenues en état" nous expliquait ce maire du Doubs mi-juin. Pour lui, plus il y aura de communes à faire pression en prenant des arrêtés, mieux ce sera pour faire évoluer la loi et protéger la santé des Français.
A Mandeure dans le Pays de Montbéliard, le maire a lui aussi pris un arrêté qui instaure une zone de protection tampon de 50 mètres autour des habitations, une zone où l'usage de pesticides est interdite. Contrairement à Boussières, le maire Jean-Pierre Hocquet n'a pas pris d'arrête interdisant totalement les pesticides sur sa commune. Un autre arrêté a été pris à Audincourt.
Un maire Breton déjà attaqué devant le tribunal administratif
L'abandon du glyphosate connu aussi sous le nom de produit Roundup était un promesse de campagne du candidat Macron. L'abandon du glyphosate en France d'ici 2021 n'a pas été suivi des faits. Le 15 septembre 2018, les députés ont rejeté l’ensemble des amendements visant à inscrire l’interdiction de l’herbicide dans la loi.
Le Président de la République a dit soutenir dans ses intentions le maire breton, le maire écologiste de la commune de Langouët qui a été jugé devant le tribunal administratif de Rennes le 22 août 2019. "Je le soutiens dans ses intentions", a expliqué le Président de la République. "Mais je ne peux pas être d'accord quand on ne respecte pas la loi, c'est normal, et ça, on va le changer vite", a-t-il poursuivi.
L'arrêté anti-glyphosate du maire de Langouët était attaqué en référé par la Préfecture d'Ile-et-Vilaine. Il interdit le glyphosate à moins de 150 mètres des habitations. Daniel Cueff, maire de Langouët revendique la légalité de son arrêté. Il a adressé un mémoire de 300 pages au tribunal,et rappelle qu'un règlement européen oblige depuis 2009 les États à protéger leurs habitants de l'épandage de pesticides, et que le Conseil d'État a partiellement annulé en juin un arrêté réglementant l'utilisation de pesticides, au motif qu'il ne protégeait pas s
Le maire Breton a reçu de nombreux soutiens dont celui de Charlie Hebdo, dont l'appel "Nous voulons des coquelicots", lancé en septembre 2018 pour l'interdiction des pesticides de synthèse, a recueilli plus de 800.000 signatures.
Les maires de trois communes du Doubs s'attendentà leur tour à être attaqués prochainement par l'Etat devant le tribunal administratif de Besançon. Interdire le glyphosate ? "Un maire ne pas prendre ce genre de décision. Le tribunal administratif tranchera" estime Jean-Philippe Setbon secrétaire général de la Préfecture du Doubs.