Après 10 jours de grève, le travail devrait reprendre lundi 31 mai aux laboratoires Macors à Auxerre (Yonne). Une partie des employés réclame toujours une augmentation de salaire et une prime de 500 euros, alors que leur entreprise a réalisé un bon chiffre d'affaires 2020.
Depuis deux semaines, la production de médicaments est en sous-régime aux laboratoires Macors, à Auxerre (Yonne). En cause : un mouvement social qui paralyse l'entreprise depuis le 18 mai. Sur les 220 salariés que compte le laboratoire auxerrois, ils sont 70 à faire le piquet de grève, principalement des ouvriers. Ils représentent 30% des salariés en CDI, mais surtout 80% du secteur de la production : "rien ne sort sans nous", précise Aurore Bardin, conductrice de ligne.
Ce vendredi 28 mai, un accord a été trouvé entre la direction et les salariés grèvistes, pour une reprise du travail et des discussions lundi prochain.
Une augmention de 50 euros et une prime de 500 euros
D'après les salariés, l'entreprise auxerroise a réalisé un très bon chiffre d'affaires en 2020, un "chiffre d'affaires record" même selon certains. En guise de récompense du travail et des efforts fournis par le personnel, les salariés grévistes réclament une augmentation de 50 euros et une prime de 500 euros. Beaucoup plus que la première proposition de la direction, le 17 mai, qui mettait sur la table une augmentation de salaire de 1,6% et une prime de 150 euros ou de 300 euros, selon les résultats de chaque salarié.
Les conditions de travail montrées du doigt
Aurore Bardin travaille depuis dix-huit ans dans ce laboratoire auxerrois. Selon elle, le dernier mouvement de grève remonte à une quinzaine d'années. La déléguée du personnel a constaté une dégradation des conditions de travail depuis cinq ans et l'arrivée d'un nouvel actionnaire. "Je ne reconnais plus l'entreprise dans laquelle je travaille. Aujourd'hui on a beaucoup de salariés qui prolongent leurs arrêts maladie, des collègues qui se font déclarer inaptes, des intérimaires qui ne restent pas". Les raisons de ce malaise seraient multiples : une course au rendement, un sentiment d'être "fliqué" et la perte progressive des "liens sociaux" entre salariés.
Des caméras sur les postes de travail
D'après les salariés, les récentes rénovations de l'entreprise ont conduit à l'installation de pointeuses et d'une soixantaine de caméras sur les postes de travail : "on se sent surveillés en permanence, il y a un grand sentiment de mal-être chez beaucoup de salariés. On installe des caméras et des pointeuses, mais à côté de ça on manque d'aspirateurs, de stylos et de papiers", déplore Aurore Bardi. Qui pointe aussi un manque de reconnaissance : "les gens s'attendaient à un remerciement pour le travail fourni, et finalement ils n'ont rien eu".
Le directeur répond aux grévistes
Eric Manso de Zuniga, directeur du laboratoire Macors, explique pourquoi il ne pouvait pas répondre aux demandes des grévistes : « aujourd’hui on a une baisse d’activité, avec une année satisfaisante en 2020 mais en 2021, nos clients vendent moins de produits pour le rhume, la gastro etc. On a une baisse des ventes de 40%. En 2021 on sait que ça va être difficile, donc on ne pouvait pas se permettre ça. »
Malgré le maintien des activités, le directeur reconnaît avoir été surpris de cette grève : « ça m’a surpris que finalement, on en soit arrivés là. Le personnel est fidèle, on a un taux de départ relativement faible. Mais ils avaient quelque chose sur le cœur qu’ils voulaient dire. Quand on en arrive là, c‘est que l’on n’a pas su communiquer, et qu’il faut recréer des conditions de dialogue. »
Fin de grève en demi-teinte pour les salariés
Le travail reprend donc lundi, même si les salariés grévistes n'ont pas obtenu satisfaction. « Ce matin, on a fait un vote entre nous, parce qu’il y a quelques personnes qui ne pouvaient pas continuer la grève pour des raisons économiques, explique cette employée (elle n'a pas souhaité donné son nom) du laboratoire. On reprend le travail lundi, mais si toutefois on n’est pas d’accord sur ce qu’ils proposent, la grève pourrait redémarrer. »
"On met un terme à la grève parce que si on ne retourne pas travailler, ils ne veulent pas négocier."
L'employée reste peu optimiste quant à la suite des événements : « on est quand même très réservés sur le fait qu’ils acceptent nos revendications, parce qu’il y a pas mal de choses sur lesquels nous ne sommes pas d’accord ».