L'homme comparaissait devant la cour d'assises de la Haute-Saône et du Territoire de Belfort pour avoir tué sa femme et dissimulé son corps en avril 2018. Le jury l'avait condamné en première instance à 25 ans de réclusion criminelle.
Un procès en appel et une sanction plus lourde qu'en première instance. Mardi 10 décembre au terme de deux jours de procès, le procureur général avait requis une peine de 30 ans de réclusion criminelle dont 20 ans de sûreté. Il a été suivi par les jurés. Le délibéré a été rendu peu après minuit."Nous sommes dans une société où l'on n'admet pas qu'un mari inflige la mort à sa femme. On n'admet pas que le membre d'un couple dispose de l'autre selon son bon vouloir", a déclaré le procureur général, Christophe Barret, évoquant les "féminicides".
Jugé depuis lundi devant les assises du Doubs, Eric Desnoue a reconnu avoir tué sa deuxième femme, Françoise, 56 ans, dans la nuit du 27 au 28 août 2013, à leur domicile de Bourogne (Territoire-de-Belfort), soutenant qu'il s'agissait d'un accident, sans toutefois convaincre les jurés.
L'autopsie du corps, retrouvé dans un bois 10 mois après les faits, n'a pas permis d'établir les causes exactes du décès. Mais l'enquête a révélé que l'accusé avait effacé des messages échangés avec son épouse avant le crime, lavé le sang dans plusieurs pièces de la maison avant de dissimuler dans une forêt le corps de sa femme, une ancienne vendeuse en boulangerie.
Pour les avocats de la famille de Mme Desnoue, Mes Randall Schwerdorffer et Julien Robin, "la mort de Françoise repose sur un processus criminel nourri depuis de nombreux mois pour préparer l'arrivée d'une autre et piller l'argent" de la victime.
"C'est un homme en pleine duplicité entre des jeux amoureux", a plaidé de son côté le conseil de l'accusé, Me Patrick Uzan. "Mais Eric Desnoue n'a pas voulu tuer votre maman", a-t-il lancé aux enfants de la victime. Réfutant toute volonté de commettre un homicide, l'avocat a plaidé des "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner".
Un corps découvert des mois plus tard en forêt
L'affaire avait fait grand bruit à l'époque, en raison des circonstances sordides entourant la mort de Françoise Saffer, 56 ans, retrouvée sans vie un an après sa disparition, en 2014. Les restes de son corps avaient été retrouvés dans la forêt d'Urcerey, dans le Territoire de Belfort. Le 28 août 2013, son mari avait signalé la disparition de sa femme à la gendarmerie.
"On a retrouvé la victime complètement nue, dans la forêt, avec un vibromasseur dans l’anus ou le vagin, le corps dévoré par les bêtes. Qui voulez-vous que ce soit ? Un promeneur ? Ce n’est pas sérieux. Ce ne peut être que lui. Soit c’était pour faire subir à son épouse une dernière humiliation, soit c’est pour faire croire à un crime sexuel" s'indignait alors l’avocat bisontin, Randall Schwerdorffer, conseil des frères et sœurs de la victime.
Des traces de sang lavées
L'avocat de la défense, quant à lui, prônait le manque de preuves accablantes à l'égard de son client. Eric Desnoué, expliquait alors avoir donné un “coup d’épaule” à sa femme lors d’une dispute conjugale.
Pourtant, après plusieurs mois d'investigations, les enquêteurs avaient découvert au domicile du couple, grâce au révélateur Bluestar (produit utilisé par la police scientifique), d'importantes traces de sang lavées, appartenant à la victime. Le mari avait notamment été suspecté car le chauffeur routier avait utilisé l'argent de son épouse et refait sa vie avec sa maîtresse, avec laquelle il pratiquait l'échangisme.
Les jurés avaient à l'époque condamné le mari à 25 ans de réclusion criminelle, suivant les réquisitions de l'avocat général.