Alors que les températures sont descendues très bas dans la nuit de mercredi à jeudi, les viticulteurs sont intervenus pour sauver leurs bourgeons, grâce à des bougies ou de l'aspersion d'eau.
Pour protéger les vignes des températures négatives, des viticulteurs se sont mobilisés dans la nuit de mercredi 1er à jeudi 2 avril dans plusieurs secteurs de Bourgogne. En Côte-d'Or, des bougies ont été allumées dans les rangs de vignes notamment en côte de Nuits et côte de Beaune. "Nous avons été mobilisé sur différents sites sur Meursault, sur Puligny-Montrachet, sur Beaune, sur Ladoix ou Aloxe-Corton", confirme Vincent Bottreau, régisseur et co-gérant du domaine d'Ardhuy.
"Nous avions positionné nos bougies en préventif il y a deux jours au cas où il y a un risque de gel hier matin [mercredi], qui ne s'est pas confirmé heureusement. Ce [jeudi] matin, les températures étaient plus basses, l'humidité relative de l'air est plus haute et le vent était beaucoup moins important. On a eu plus de stagnation d'air froid dans les parties basses de l'atmosphère, notamment au niveau des bourgeons, d'où ce risque de gel."
Le domaine d'Ardhuy exploite 38,5 hectares de vignes entre Gevrey-Chambertin et Puligny-Montrachet sur plus de 120 parcelles. Cette nuit, pour la première fois de l'année, environ trois hectares de vignes du domaine ont été réchauffés grâce aux bougies. "Nous avons protégé principalement nos chardonnays dans nos vignes à caractère gélif. Plutôt des bas de côteaux, plutôt des creux où l'air froid a tendance à stagner."
Deux équipes de trois personnes étaient sur le terrain pour allumer les bougies : une en côte de Nuits, l'autre en côte de Beaune. "La température était au départ entre 1 et 2 degrés autour de 4 heures du matin, détaille le régisseur. Assez rapidement, et de façon assez disparate, on a constaté des variations de température assez impressionnantes pouvant aller jusqu'à -2, -3, -4 degrés à certains endroits. Ce qui nous a décidés à allumer les bougies que nous avions positionnées en parcelles."
"Pour que ce soit efficace, il faut positionner aux alentours de 300 bougies à l'hectare", précise-t-il. Elles sont positionnées le plus souvent en quinconce entre les rangs. " Environ tous les sept pieds, on met une bougie au sol pour faire un quadrillage au niveau de la parcelle."
Il est encore trop tôt pour dresser un bilan du gel dans les vignes. D'autant qu'il pourrait revenir les nuits prochaines. Les derniers bulletins météo permettront aux viticulteurs de savoir à quoi ils doivent s'attendre.
Le confinement pèse sur la vigne
L'épidémie de Covid-19 et les mesures de confinement qui en découlent compliquent le travail des viticulteurs. Il leur faut respecter comme tout un chacun les gestes barrières et les règles de distanciation sociale pour limiter la propagation du virus."Il faut savoir qu'une bougie tourne autour de 8 ou 8,50 euros l'unité, indique Vincent Bottreau. C'est un investissement important pour certains exploitants qui ont des appellations modestes et qui peuvent avoir des problématiques de trésorerie accentuées par l'épidémie actuelle de Covid-19. Ça peut être compliqué de faire cette dépense."
C'est un investissement lourd pour protéger une parcelle. C'est très compliqué techniquement et financièrement.
– Vincent Bottreau, co-gérant du domaine d'Ardhuy
Dans le chablisien, dans l'Yonne, des mesures ont également été prises pour lutter contre le gel. Cela passe également par l'utilisation de bougies, mais aussi par aspersion d'eau. Cette méthode, qui peut paraître paradoxale, est très efficace pour protéger les vignes. Lorsque l’eau change d’état et se transforme en glace, il y a un dégagement de calories. Un cocon de glace se forme autour du bourgeon et le maintient à l'abri.
Certains domaines avaient lancé ces actions dès la nuit du 31 mars au 1er avril, comme par exemple le domaine Pinson, qui a publié des images de sa lutte contre le froid sur son compte Instagram.