La hausse des prix du carburant, couplée à une hausse globale des charges, a conduit certains professionnels à élever leurs tarifs. A Dijon, l'heure de conduite en auto-école est facturée jusqu'à 50 euros.
Devant l'auto-école Notre-Dame à Dijon, Marie se prépare pour une nouvelle heure de conduite, qu'elle paiera plus cher que les précédentes.
"Quand j'ai commencé en 2017, j'étais à 45 euros. Aujourd'hui c'est 50 euros", rapporte cette étudiante. Une augmentation qui se ressent sur son petit budget, mais elle n'a "pas le choix."
Ludovic aussi s'apprête à prendre le volant. Sa leçon lui coûte 2 euros de plus depuis octobre. A 52 ans, ce salarié finance son permis de conduire avec son compte personnel de formation. Sans quoi, il n'aurait pas eu le budget nécessaire.
"Je vais également devoir payer les heures de conduite pour mon fils. C'est une dépense importante donc deux permis à plus de 3 000 euros, c'était impossible."
Le carburant, deuxième poste de dépense
Depuis plusieurs mois, les auto-écoles se serrent la ceinture. "Le carburant, c'est notre deuxième poste de dépense après les salaires. Quand on prend 60 centimes d'écarts sur le litre en quelques mois, ça a forcément un impact", grimace Sébastien Crétin, gérant de l'auto-école Notre-Dame.
En parallèle du carburant, le prix de l'énergie aussi est en hausse. Plus globalement, "tout augmente, et pour tout le monde", poursuit Sébastien Cretin. "Quand je vais au garage pour les voitures, je paye plus cher. Quand je commande des fournitures, les livraisons par camion sont plus chères."
Il faudrait être à 55 euros pour dégager un bénéfice raisonnable
Sébastien CretinAuto-école Notre-Dame
L'entreprise a cherché une alternative en achetant notamment des véhicules à l'éthanol, ou bien tenté de réduire les charges. Mais ces solutions atteignent vite leurs limites. "On veut continuer à faire un enseignement de qualité donc on monte les prix. Il faudrait être à 55 euros pour dégager un bénéfice raisonnable, mais on n'est pas encore au pied du mur", assure le gérant.
Dans son auto-école de Cluny, Sylvie Mougins elle, est à bout. "Mon budget essence a explosé ! Je paye 250 euros en plus par mois par rapport en 2021 !", s'écrie-t-elle.
En mars, cette monitrice a également rehaussé son tarif de 2 euros, passant de 43 à 45 euros. Mais cela ne suffit pas à compenser la hausse des charges et les taxes.
"6 heures de conduite reviennent à 270 euros. Sur cette somme, j'ai 45 euros de taxe. Ce qui veut dire que toutes les 6 heures je travaille 1 heure à perte. On est en train de crever", s'insurge Sylvie Mougins, également présidente de l'Union nationale des indépendants de conduite (Unic) de Saône-et-Loire.
Rester compétitifs
Les professionnels cherchent malgré tout à rester compétitifs. Quelques-uns arrivent encore à résister à la hausse des tarifs. Mais ils sont de moins en moins nombreux. Sandrine Gilbeau a dû se résoudre à augmenter le prix de l'heure. Encore.
"On avait déjà augmenté début 2022, de 44 à 45 euros", raconte la co-gérante de Mirande auto-école, à Dijon. "On attendait de revoir comment ça allait évoluer, on avait espoir que ça redescende... mais aujourd'hui on n'a plus de marge, il faut ajuster."
La monitrice a le nez dans les chiffres pour trouver le bon prix : celui qui lui assurera de faire rouler l'entreprise ces prochains mois, et qui lui permettra de garder sa clientèle.